Dr Thierry Godeau (conférence des présidents de CME) : « Il faut mettre le paquet sur l'attractivité médicale »

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Publié le 08/09/2016
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LE QUOTIDIEN : Où en est-on des mesures attendues sur l'attractivité des carrières ?

Dr THIERRY GODEAU : Marisol Touraine devrait annoncer de nouvelles mesures mi-septembre. Le décret sur la revalorisation de la prime d'exercice multisites est très attendu. Chaque praticien hospitalier (PH) concerné devrait percevoir de 450 à 500 euros par mois s'il s'engage à exercer au moins une demi-journée dans un établissement situé à une certaine distance du sien. La prime d'engagement de service public [de 487 euros, NDLR] devrait également bénéficier d'un nouvel arbitrage. L'idée est de combattre la pénurie médicale sur certains postes ciblés, plus largement, sur les spécialités en déshérence, comme la radiologie, l'anesthésie et l'oncologie. Il faut mettre le paquet sur l'attractivité médicale.

Hormis la rémunération, comment le service public hospitalier peut-il séduire les médecins ?

Il existe une trop grande différence entre la valorisation de l'acte médical et le temps passé auprès du patient. La recherche clinique doit à tout prix être développée dans nos établissements. Mais il faut rester prudents sur la façon dont on envisage l'hôpital de demain. Attention à ne pas dégrader les conditions de travail ! Le virage ambulatoire et la fermeture de lits de chirurgie sont légitimes, mais la médecine ambulatoire est plus difficile à organiser. Avec le vieillissement de la population et le développement de l'hospitalisation à domicile (HAD), l'hôpital devra opérer des transferts de lits des services de médecine hyperspécialisée vers la médecine interne et polyvalente. Il ne s'agit donc pas de supprimer des lits mais de mieux les utiliser.

Les GHT contribuent-ils à redorer le blason de l'hôpital ?

Si les GHT sont utilisés comme des bouche-trous pour pallier les déficiences territoriales en transférant les PH d'un hôpital à l'autre, on va droit dans le mur ! Au contraire, les GHT peuvent être un levier moteur de qualité et d'attractivité, notamment auprès des jeunes générations, s'ils étoffent le travail en équipe et offrent aux praticiens et aux patients un meilleur accès aux plateaux techniques. Si le projet médical fait sens, alors les jeunes médecins joueront le jeu et ceux en poste n'auront pas des envies d'ailleurs.

Propos recueillis par Anne Bayle-Iniguez

Source : Le Quotidien du médecin: 9515