Entre culpabilité et soulagement, le témoignage d'une dermato qui prend sa retraite

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Publié le 08/03/2016
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Crédit photo : PHANIE

Après 33 ans de bons et loyaux services, le Dr Béatrice Lo s’apprête à déplaquer. Dermatologue à Remiremont, dans les Vosges, elle s’est confiée à « L’Obs » à quelques mois de prendre sa retraite, l’année prochaine.

« Au premier abord, je ressens surtout du bonheur et un certain soulagement », raconte le médecin. Et pourtant,« je suis triste de m’arrêter. D’abord parce que la dermatologie est une discipline passionnante, ensuite parce que j’ai l’impression, quelque part, d’abandonner mes patients » poursuit le Dr Lo.

La situation du médecin ressemble à celle de nombreux confrères : « trop de travail », des journées à rallonge « où j’arrive avant 8 heures du matin pour ne partir que peu avant 21 heures », avec des semaines de « 50 heures en quatre jours », à peine le temps de prendre « 15 minutes de pause pour déjeuner ». « J’ai l’impression de remplir le tonneau des Danaïdes », regrette-t-elle.

35 heures, un droit pour les médecins aussi

Comme ailleurs, la recherche d’un successeur relève de la gageure dans un contexte de désertification médicale où « en 15 ans, six dermatologues libéraux ont pris leur retraite sans être remplacés dans un rayon de 30 kilomètres ».

Le Dr Lo reconnaît que les conditions de travail peuvent rebuter les jeunes. « Le propre de la génération de médecins suivante, c’est qu’elle veut travailler différemment… et ce n’est pas un reproche que l’on peut lui faire, écrit-elle. Un médecin qui veut travailler 35 heures, ce n’est pas un médecin à mi-temps, c’est un médecin qui a légitimement le droit de vouloir passer du temps avec sa famille. »

Pour attirer un successeur, la dermatologue est « même prête à céder [son] matériel médical pour 10 % de sa valeur ». Tout pour éviter à ses patients de devoir faire 100 km pour être pris en charge.


Source : lequotidiendumedecin.fr