Entretien

Éric Ducournau (Pierre Fabre Dermo-cosmétique PFDC) : « Nous allons nous renforcer en dermo-pédiatrie et onco-dermatologie »

Publié le 14/09/2015
Article réservé aux abonnés
LE QUOTIDIEN : Quel est l’impact de la réorganisation du groupe Pierre Fabre au niveau de sa branche dermo-cosmétique ?

ÉRIC DUCOURNAU : Il y a un impact positif en matière de recherche et développement. Nous avons décidé de créer une franchise R&D en dermatologie qui sera positionnée à part entière au sein de l’Institut de Recherche Pierre Fabre et financée par Pierre Fabre Dermatologie. Cela entrainera le doublement de nos budgets de recherche en dermatologie. Nous allons monter en puissance progressivement, avec un budget représentant de 10 à 15% du chiffre d’affaires de Pierre Fabre Dermatologie.

Quelles sont vos priorités en matière de R&D dans le champ dermatologique ?

Nous allons nous renforcer en dermato-pédiatrie, domaine thérapeutique prioritaire pour Pierre Fabre Dermatologie depuis le lancement d’Hemangiol® (traitement des hémangiomes infantiles prolifératifs nécessitant un traitement systémique – prescription hospitalière NDLR). Le produit est déjà lancé aux États-Unis, en Allemagne et en France, et nous finalisons son lancement dans d’autres pays européens. Nous venons de mettre en ligne le premier site internet grand public consacré à cette pathologie méconnue qui touche pourtant jusqu’à 10% des nourrissons et nécessite qu’un diagnostic médical puisse être réalisé le plus précocement possible.

Nous portons également nos efforts sur l’onco-dermatologie pour faire le lien avec la recherche en oncologie. Nous travaillons notamment sur des produits topiques d’accompagnement des thérapies ciblées dans le domaine des cancers cutanés. Pierre Fabre Dermatologie vise un lancement de nouveau produit par an, et nous présentons cette année Molusderm® (solution cutanée d’hydroxyde de potassium à 10% pour le traitement local du Moluscum Contagiosum de l’adulte et de l’enfant de plus de deux ans NDLR).

Dans l’accompagnement des patients atteints de cancer, vous avez lancé la plateforme ONE SMILE sur Avène. Quelle est la genèse de cette initiative ?

Depuis longtemps, nous sommes partenaires de plusieurs hôpitaux dans l’accompagnement de patients suivis pour un traitement anticancéreux. Par ailleurs, nous avons constaté à la station thermale d’Avène une hausse du nombre de patients venant suite à des brûlures induites par une chimiothérapie et qui souhaitent retrouver une meilleure qualité de vie. Nous avons réalisé une étude clinique sur le sujet, présenté à 800 dermatologues internationaux lors du 1er forum dermatologique Pierre Fabre organisé en avril dernier. Elle sera prochainement publiée dans une revue à comité de lecture et présentée aux Journées Dermatologiques de Paris (JDP) à l’automne.

Nous avons souhaité aller plus loin en lançant le programme ONE SMILE qui va nous permettre d’accompagner plus de patients. En se rendant sur le site one-smile.care, les patients ont accès à des informations et des conseils pour les aider à minimiser les effets secondaires cutanés des traitements anticancéreux. Le site est conçu de manière didactique avec des tutoriels, fiches pratiques, avis d’experts et témoignages de patients. Nous mettons également à disposition des professionnels de santé un guide sur la dermatologie des traitements cancéreux, porté à la fois par l’Institut Gustave Roussy (Villejuif) et l’Institut universitaire du cancer de Toulouse.

Pour accompagner les médecins, Pierre Fabre Dermo-Cosmétique s’appuie depuis une dizaine d’années sur le site Internet dermaweb.com. Quel bilan tirez-vous de cette opération ?

Avec 11 500 connexions mensuelles et 72% de notoriété spontanée chez les dermatologues français, Dermaweb est le premier site internet de formation à la dermatologie. Il permet de partager des cas cliniques, des études et des avis d’experts au sein de la communauté dermatologique. Notre satisfaction, c’est aussi de voir qu’il se développe à l’international avec des fréquentations en forte hausse en Asie et aux États-Unis. Nous estimons à près de 20 % la part des médecins généralistes parmi les professionnels qui se connectent.

Allez-vous justement renforcer vos actions à destination des médecins généralistes ?

De plus en plus, les généralistes sont amenés à réaliser des prescriptions en dermatologie, notamment dans les départements où il n’y a plus assez de dermatologues. Avec le soutien des instances de la dermatologie, notre rôle est de mettre à leur disposition des supports de formation à nos produits. Nous adaptons ces supports aux professionnels de santé qui n’ont pas les connaissances du dermatologue – d’abord les généralistes mais également les infirmières spécialisées dans certains centres hospitaliers et les pharmaciens officinaux. Nous le faisons en collaboration avec les sociétés savantes en dermatologie.

Propos recueillis par Samuel Spadone

Source : Le Quotidien du Médecin: 9432