Extension de l'obligation vaccinale : les sociétés savantes félicitent la ministre, malgré quelques craintes

Plusieurs associations de médecins ont manifesté leur satisfaction à l'annonce par la ministre des Solidarités et de la Santé Agnès Buzyn de l'extension de l'obligation vaccinale. La ministre souhaite en outre réfléchir « dans les 6 mois qui viennent, aux dispositions qui permettraient aux généralistes d'avoir des stocks de vaccins ».

L’association des juniors en pédiatrie a affiché son soutien à ce projet d'extension pour une durée limitée. « La future génération de pédiatres souhaite que le corps médical restaure une relation de confiance avec la population, afin de pouvoir, à terme, se passer de cette dérogation aux libertés individuelles, qui paraît pour l’instant nécessaire », insistent-ils. Ils estiment toutefois que l’obligation vaccinale devra être « une mesure transitoire le temps de restaurer la confiance de la population en son système de santé. Les jeunes pédiatres attendent des mesures fortes pour enfin faire disparaître ces infections d’un autre siècle ».

Même son de cloche du côté des associations de pédiatres qui félicitent Agnès Buzyn dans un communiqué signé par l'Association française de pédiatrie ambulatoire, le groupe de pathologie Infectieuse pédiatrique et la Société française de pédiatrie. « L’élargissement provisoire des obligations est la seule réponse aujourd’hui adaptée face au danger que représentent ces maladies infectieuses et compte tenu de la défiance qui se répand vis-à-vis de vaccins dans notre pays plus que nulle part ailleurs dans le monde », ajoutent les sociétés savantes.

Les tensions d'approvisionnement inquiètent

Le syndicat MG France rappelle, quant à lui, « le bénéfice considérable, et l’absence de tout risque sérieux et démontré de ces vaccins ». Le syndicat « prend acte » de la décision de la ministre et espère qu'elle sera « accompagnée d’une mise à disposition sans faille de l’ensemble des vaccins nécessaires ». Des pénuries de vaccins sont régulièrement signalées. Récemment, ce sont les vaccins contre l'hépatite A et B qui ont connu des tensions d'approvisionnement.

En réaction, la direction générale de la santé (DGS) a mis en place des mesures de contingentement (réserver les vaccins aux hôpitaux), d'importation de vaccins initialement destinés aux Pays-Bas et a révisé les recommandations relatives à l'utilisation des vaccins pédiatriques. En outre, un report de la 3e dose (pour le vaccin contre l'hépatite B) a été préconisé par le Haut Conseil de santé publique (HCSP).

Selon le directeur de la DGS, Benoît Vallet, ces mesures ont permis de « gérer efficacement la situation ». L'observatoire mis en place par SOS Hépatite fait quant à lui le constat de difficultés persistantes, bien que « l'accès au vaccin pour les personnes dialysées, en insuffisance rénale chronique ou candidates à une greffe d'organe s'est amélioré ».

L'association note que « les personnes vivant avec des porteurs chroniques de la maladie rencontrent encore et toujours des problématiques d'accès au vaccin mais aussi les personnes ayant des relations sexuelles avec des partenaires multiples, et les usagers de drogues par voie intraveineuse ». SOS Hépatite demande que la « politique volontariste » de la ministre soit « accompagnée dès à présent par une évaluation et un renforcement de la législation en vigueur notamment le décret du 20 juillet 2016 relatif à la lutte contre les ruptures d'approvisionnement de médicaments ».

Des voix discordantes

Le soutien n'est toutefois pas unanime : le Collège national des généralistes enseignants (CNGE) avait, dès la première annonce, qualifié de « simpliste et inadapté » une extension de l'obligation vaccinale. Pour le CNGE, « il n’y a aucun élément scientifique pour attester que cette mesure aboutisse à une meilleure protection, notamment pour les enfants. Il est à craindre que son caractère autoritaire renforce la défiance et la suspicion d’une partie croissante de la population ».