Calendrier assoupli, place centrale des PH, comité de suivi, formation 

GHT : Touraine s'emploie à rassurer le monde hospitalier

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Publié le 21/03/2016
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Crédit photo : SEBASTIEN TOUBON

La pression sur les épaules des 1 100 hôpitaux français augmente au fur et à mesure que le calendrier de constitution des groupements hospitaliers de territoire (GHT) se resserre. Depuis plusieurs semaines, praticiens, personnels, directeurs, usagers et élus locaux tirent la sonnette d'alarme. Pour apaiser les craintes, Marisol Touraine a déminé le terrain en réaffirmant que ce nouveau mode de coopération (obligatoire) entre hôpitaux publics n'avait pas pour objectif une restructuration à la hussarde.    

Jeudi, la ministre de la Santé a officialisé le lancement d'un comité de suivi des GHT (où siègent les traditionnels acteurs de la communauté hospitalière). Cette instance supervisera la bonne marche de cette réforme de la carte hospitalière votée dans la loi de santé. L'objectif est de développer une prise en charge « graduée » des patients, autour d'un projet médical, en mutualisant les moyens et certaines fonctions à l'échelle d'un territoire.

Pour enclencher et accompagner la montée en charge des GHT, Marisol Touraine a annoncé la mobilisation de dix millions d'euros en 2016, équivalent à 10 000 euros en moyenne par établissement. Ce pécule devrait servir à (in)former les décideurs sur la mutualisation des fonctions transversales (départements d'information médicale, achats, système d'information) entre plusieurs hôpitaux membres d'un même GHT.

En suivant les préconisations du rapport ad hoc rendu public la veille, Marisol Touraine s'est aussi montrée conciliante sur le calendrier. Les hôpitaux peuvent souffler un peu : seules les « orientations médicales » et non le projet médical partagé définitif, devront être rendues aux agences régionales de santé au 1er juillet.

Pas de logique comptable

À l'intention de ceux qui pointent le risque de restructuration, Marisol Touraine a dit rejeter toute « logique comptable ». Organiser la gradation des soins sur le territoire « ne signifie évidemment pas qu'il faut fermer des structures ou en faire grossir d'autres », a-t-elle insisté. Le rapport sur les GHT juge toutefois prioritaire de « faciliter l'organisation en commun » des activités médicotechniques. La biologie médicale et l’imagerie sont concernées au premier chef par ces regroupements.  

Sur la mise en place des « équipes de territoire » prévue dans le texte de loi, la ministre, une fois encore, a cajolé les PH inquiets de se voir « nomadisés » d'un hôpital à un autre au gré des décisions de l'établissement pilote (« support ») du GHT. « Aucune remise en cause des droits statutaires des praticiens n'aura lieu », a dit la ministre. Toute activité partagée se fera sur la base du volontariat. Une prime d'exercice territorial et une valorisation des lignes de gardes, à définir, récompenseront les bonnes volontés.

Ministre à l'écoute

Si le flou perdure sur la date exacte de parution des décrets d'application de la réforme (les arbitrages seront rendus « fin mars »), Ségur a réussi à tempérer certaines inquiétudes du secteur.

Le patron de la Fédération hospitalière de France (FHF) Frédéric Valletoux a jugé que l'ensemble des annonces sont « autant de pas dans la bonne direction ». « Seul un accompagnement pensé par et pour les acteurs de terrain permettra de réussir la mise en place des GHT et d’en faire des outils médicaux au service des besoins de la population », a toutefois souligné le président de la FHF, qui restera « vigilant sur la suite du processus ».

« On ne baigne pas dans les endorphines mais en confirmant l'implication des équipes de soins et de recherche dans cette réforme historique, Marisol Touraine nous a montré qu'elle est à l'écoute », se satisfait le Dr Max Doppia, président d'Avenir Hospitalier. Le syndicat de PH attend toutefois des précisions sur le fonctionnement des instances de gouvernance locale, notamment la super « commission médicale de groupement ». Quant au coup de pouce de 10 millions d'euros, « ça ne vaut pas le jus de cerveau des PH, plus méritants que n'importe quelle société d'audit ! »

 

 

 

Anne Bayle-Iniguez

Source : Le Quotidien du médecin: 9481