Italie : ce que contient le programme santé de Giorgia Meloni

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Publié le 30/09/2022

Crédit photo : AFP

En Italie, le rassemblement des droites – qui regroupe Forza Italia, le parti de Silvio Berlusconi, les populistes de la Ligue et l’extrême droite de Fratelli d’Italia, Frères d’Italie – a remporté les élections législatives avec 43 % des suffrages. Giorgia Meloni, la cheffe de Fratelli d’Italia, qui est devenu le premier parti politique en raflant 26 % des voix, sera nommée présidente du Conseil d’ici à la fin du mois d’octobre. Ce sera la première fois que l’extrême droite sera chargée de former un gouvernement depuis la chute du gouvernement fasciste de Mussolini en juillet 1943. Quelle est la vision de la santé de Giorgia Meloni ?

Vaccins, IVG… 

Au chapitre de la vaccination, l’idée de Giorgia Meloni et de Matteo Salvini est d’abolir son caractère obligatoire, « trop de vaccins faisant mal », a carrément jugé le grand manitou de la Ligue. Cette approche concerne le vaccin contre le Covid-19 mais aussi les 10 actuellement obligatoires pour les enfants scolarisés.

En ce qui concerne les IVG, Giorgia Meloni veut officiellement « aider les femmes » à ne pas avorter. Dans un pays où plus de 75 % des gynécologues sont objecteurs de conscience et refusent de pratiquer les IVG, cette phrase a du mal à passer. Le 28 septembre, des milliers d’Italiennes ont manifesté dans tout le pays pour défendre la loi sur l’avortement introduite en 1978.

La droite et l'accès aux soins

Pour le reste, le programme commun des droites affiche une volonté de développer la santé de proximité et la médecine territoriale ainsi que de renforcer la médecine préventive. La coalition veut relancer les recrutements de professionnels de santé. Selon les estimations, 20 000 praticiens manquent à l’appel.

En ce qui concerne les pandémies, le credo est simple : plus de confinements, de passe sanitaire, de mesures restrictives, autant d'instruments qui entravent la liberté. En revanche, les droites veulent lancer une campagne de sensibilisation pour promouvoir les bonnes pratiques de prévention parmi la population et augmenter les transports en commun pour limiter la proximité des usagers.

L’idée est aussi de se projeter dans l’après-pandémie en réduisant les délais d’attente interminables pour les prises de rendez-vous en milieu hospitalier. En ce qui concerne la formation des médecins, le programme prévoit une remise en ordre des écoles de spécialisation mais sans en spécifier les modalités. Enfin, il est question de revoir le plan Cancer à l’échelle nationale.

La plupart de ces points – sauf ce qui concerne la gestion de la pandémie – ne sont pas neufs : ils ont été régulièrement mis sur le tapis par les gouvernements qui se sont succédé au cours des quinze dernières années. D’ailleurs, une bonne partie des fonds qui seront alloués à l’Italie par Bruxelles dans le cadre du plan de relance et de résilience (PNRR), devront servir à remettre la santé italienne sur les rails, comme l’avait prévu le gouvernement de Mario Draghi qui a démissionné en juillet dernier.

Deux vitesses ? 

Dans son programme électoral, Giorgia Meloni a proposé de privilégier les Italiens qui « prennent soin de leur santé ». Cela pourrait signifier d'accorder une forme de priorité aux assurés qui adhèrent aux programmes de dépistage nationaux. Un discours ambigu qui suggère une santé à deux vitesses. Fratelli d’Italia veut aussi créer une commission de surveillance pour éliminer les dysfonctionnements et fraudes dans la santé.

Ce parti entend par ailleurs renforcer le rôle des médecins de famille en leur permettant de prendre directement des rendez-vous dans les structures hospitalières pour leurs patients via des plateformes régionales. Enfin, Giorgia Meloni veut renforcer la prévention cardiologique en équipant toutes les municipalités de défibrillateurs. Elle souhaite créer une commission d’enquête sur la gestion de la pandémie et les réactions aux vaccins contre le coronavirus.

Ariel F. Dumont à Rome

Source : lequotidiendumedecin.fr