Éditorial

La santé là-bas...

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Publié le 10/07/2018
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À quatre mois du référendum, il n'y a pas que l'indépendance qui fasse débat en Nouvelle-Calédonie. Car la santé aussi est en chantier. En cause, la prodigalité d’un système, qu’il devient urgent de réformer. L’IGAS décrit une organisation « à bout de souffle », pointant un déficit abyssal et une régulation des dépenses défaillante. Pourtant, malgré des grèves récentes de soignants et quoique confronté au fléau de l'alcoolisme, le « Caillou » peut se prévaloir d’un dispositif de soins de qualité. On vient parfois de loin pour y bénéficier d’une prise en charge proche des standards européens.

Tous les DOM-TOM n'ont pas cette chance. Les statistiques sanitaires témoignent chez la plupart d’un écart important à la métropole. Moindre longévité, mortalité infantile plus élevée, prévalence plus forte du VIH, AVC moins rapidement traités, obésité et diabète plus fréquents… La population d’Outre-mer a beau ne représenter que 4 % des nationaux, elle semble concentrer la plupart des problèmes sanitaires du pays.

De quoi souffrent les Ultramarins ? De l’éloignement à l’Hexagone et surtout d’un isolement géographique renforcé par une sous-densité de blouses blanches. À Mayotte et en Guyane, la pénurie est aggravée de surcroît par un « tourisme médical », qui sature les infrastructures sanitaires. Face à l’adversité, ces départements innovent et, sur la délégation de tâches par exemple, pourraient parfois inspirer la métropole. Mais il ne faut pas idéaliser non plus. La démission récente des urgentistes de Cayenne ou les mouvements passés affectant l’hôpital de Mamoudzou attestent d’une tension extrême. Faute d’y remédier vraiment, les renforts réguliers de la réserve sanitaire, les missions confiées à tel ou telle ou les plans d'urgence risquent fort d’avoir l’effet sur place d’un cautère sur une jambe de bois.

Jean Paillard

Source : Le Quotidien du médecin: 9680