À l'hôpital de la Croix-Rousse

La thermoplastie bronchique, une nouvelle technique pour les asthmatiques sévères

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Publié le 07/11/2016
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hôpital de la Croix-Rousse

hôpital de la Croix-Rousse

Entre 200 000 et 400 000 personnes souffrent d'un asthme sévère en France et certaines d'entre elles ne répondent pas aux thérapeutiques existantes (corticoïdes, biothérapies…).

Pour les soigner, le service de pneumologie de la Croix-Rousse, à Lyon, dispose désormais d'un nouveau traitement : la thermoplastie bronchique. « C'est une technique connue depuis une dizaine d'années, qui a été développée surtout aux États-Unis », explique le Pr Gilles Devouassoux, chef du service de pneumologie de la Croix-Rousse. « En France, nous sommes un peu à la traîne, mais la technique commence à être utilisée depuis un an ou deux à l'hôpital Bichat à Paris, à Marseille, mais aussi à Strasbourg et Nantes », explique le spécialiste. L'hôpital de la Croix-Rousse a commencé cette année, avec un premier patient traité cet été. « La thermoplastie bronchique consiste à délivrer de la chaleur à 65 degrés et de traiter tout l'arbre bronchique au cours de trois séances d'endoscopie bronchique, détaille le Pr Devouassoux. Trois séances de 45 à 60 minutes sont nécessaires, sous anesthésie générale. Lors de la première, on applique la chaleur sur le lobe inférieur droit, puis, trois semaines plus tard, sur le lobe inférieur gauche. Enfin, une troisième séance à trois semaines d'intervalle permet de traiter les lobes supérieurs droit et gauche. » Bénéfices maintenus à cinq ans Suite à ce traitement, une diminution des fibres musculaires des bronches est observée.

Réduire l'obstruction bronchique

Cela permet de réduire l'obstruction bronchique chez les patients asthmatiques et, quand les patients sont répondeurs, les épisodes aigus sont limités, voire supprimés. « Environ 70 % des patients sont répondeurs. Avec un traitement poursuivi par ailleurs, on constate que leur asthme devient mieux contrôlé », souligne le Pr Devouassoux. L'avantage de cette technique, c'est que « les effets sont pérennes dans le temps : cinq ans plus tard, le patient en conserve le bénéfice. C'est une technique très efficace », poursuit-il. Les patients sont hospitalisés trois jours en pneumologie après l'intervention. « On le fait car il peut y avoir une aggravation de l'asthme ou une infection respiratoire qui survient dans les 72 heures qui suivent, relève le Pr Devouassoux. Cela se produit chez deux patients sur trois. » Cette procédure reste néanmoins réservée aux cas les plus sévères, car le coût reste élevé, 18 000 euros, et l'acte n'est pas encore remboursé par la Sécurité sociale. « Le bon candidat, c'est un patient qui a un asthme sévère et qui présente des exacerbations à répétition », indique le pneumologue. Pour l'instant, le service de pneumologie de la Croix-Rousse a reçu l'autorisation de traiter six patients par an. « Après un premier patient traité à Lyon cet été, nous en accueillerons un second en octobre et un troisième en novembre », annonce le Pr Devouassoux. « Le dossier est sur la table du ministère et on espère que le remboursement ne va trop tarder », conclut-il.

De notre correspondante Anne-Gaëlle Moulun

Source : Le Quotidien du médecin: 9532