Morceau de vies aux urgences

« La vie dans la peau », témoignage d'un médecin passionné

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Publié le 13/09/2018
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livre urgences

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Crédit photo : DR

Certaines font sourire, d'autres sont à pleurer. Dans son premier livre « La vie dans la peau », le Dr Matthieu Heidet nous plonge, à travers une cinquantaine d'histoires, dans ses sorties avec l'équipe du SAMU de l'hôpital Henri-Mondor (Assistance publique – Hôpitaux de Paris) de Créteil (Val-de-Marne).

Au bout de ces trajets, de jour comme de nuit, il y a les patients, qui sont le fil conducteur du livre. Parmi leurs histoires, relatées par l'urgentiste, la plupart connaissent une issue terrible. Il y a cet homme, en arrêt cardiaque après un incendie, qui meurt sur le trottoir malgré les tentatives de réanimation. Une mère de famille, retrouvée pendue dans son escalier par son fils, ou encore cette estafette et son conducteur, broyés, qu'un poids lourd a envoyé valser dans le fossé. Mais aussi la nuit des attentats du 13 novembre 2015, que le Dr Heinet a passé en salle de crise à répartir les blessés dans les hôpitaux franciliens et à compter les morts.

Petites hontes

Pour autant, l'auteur, trentenaire en exercice depuis 2013, ne tombe pas dans le pathos. À côté des drames, il décrit aussi les vies sauvées, les sorties un peu moins graves (un homme en crise d'angoisse dans une animalerie, un autre sauvé d'un infarctus au milieu d'un temple du sadomasochisme). Matthieu Heinet dépeint aussi ses collègues, les bons moments passés avec eux, et intercale ses souvenirs d'étudiant en médecine (week-ends d'intégration, premiers stages et expériences à l'hôpital, qu'il surnomme ses « petites hontes »).

Au-delà des histoires de vie, le médecin règle aussi ses comptes avec certains patients et décideurs politiques, à l'heure où les services d'urgences sont parfois pointés du doigt. Certes, il y a de l'attente, mais les urgences servent à éliminer les pathologies urgentes et non pas « à tout faire vite », plaide l'auteur. Et alors que la régulation des appels du SAMU a récemment été mise en cause, le médecin donne un autre point de vue, celui d'une patiente qui ne supporte pas l'attente au téléphone et veut qu'on lui envoie une ambulance au plus vite, sans écouter le médecin.

Les conditions de travail aux urgences, souvent décriées par les personnels hospitaliers, sont en revanche peu évoquées par le Dr Heidet. Mais la fatigue du métier pointe parfois dans ses récits, après une garde sans sommeil ou une intervention particulièrement difficile. Comment accepter, comment continuer à avancer dans la vie, s'interroge l'auteur. Peut-être grâce à la reconnaissance des patients, des familles ; des « mercis » qui lui rappellent « pourquoi nous soignons, ni plus ni moins ».

* Dr Matthieu Heidet, « La vie dans la peau, un urgentiste au SAMU raconte », Les Éditions de l'Opportun, 13 septembre, 286 p., 14,90 euros

M.F

Source : Le Quotidien du médecin: 9685