Quel patron pour l’Agence du médicament?

Le choix cornélien de Marisol Touraine

Publié le 03/07/2014
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La nomination du successeur du Pr Dominique Maraninchi à la tête de l’ANSM est une décision ultrasensible pour Marisol Touraine. Le choix de la perle rare serait imminent.

Le futur patron devra être auditionné par la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale, qui peut le renvoyer dans les cordes si une majorité des trois cinquièmes de ses membres ne lui accorde pas sa confiance pour ce poste, un des plus stratégiques de la République.

Dans la « short list », trois candidats étaient encore en lice ces derniers jours.

François Hébert, actuel numéro deux de l’ANSM, a toute la confiance du Pr Maraninchi et incarne la continuité. L’homme n’est certes pas médecin (polytechnicien, spécialiste de l’armement...) mais il connaît parfaitement les rouages et la complexe organisation de l’agence. Hier encore, le DG adjoint devait présenter devant la presse la « surveillance en vie réelle des anticoagulants oraux directs et des antivitamines K ». Problème, lorsqu’il était au cabinet de Roselyne Bachelot, il a supervisé le dispositif de lutte contre la grippe H1N1, de sinistre mémoire chez les médecins libéraux. « Ce serait un mauvais message qui leur serait adressé », croit savoir ce très bon connaisseur du dossier. À telle enseigne qu’un député, membre de la commission des Affaires sociales, prévient que s’il était choisi par Marisol Touraine, « il y aurait un vote massif contre lui parmi les députés de la commission ».

Atouts et handicaps

Deuxième candidat en lice, Dominique Martin, actuel directeur des risques professionnels à la CNAMTS. « C’est lui qui va être désigné », croit savoir un député gardant l’anonymat. Un proche du dossier à l’ANSM lui trouve quelques atouts : à la fois haut fonctionnaire (énarque) et médecin, ex-membre du cabinet de Bernard Kouchner au début des années 2000. Il a également dirigé l’ONIAM (Office national d’indemnisation des accidents médicaux) mais n’est pas un spécialiste du médicament. En 2011, devant la commission sénatoriale sur le Mediator, il avait admis n’avoir « aucune compétence » en matière de pharmacovigilance.

François Romaneix enfin, qui a dirigé la Haute autorité de santé (HAS) entre 2006 et 2011, fait figure d’outsider très honorable, même s’il n’est pas médecin. Actuel conseiller « emploi, santé, affaires sociales » du président du Sénat Jean-Pierre Bel, François Romaneix connaît très bien le monde du médicament. Il a notamment été membre du cabinet d’Élisabeth Guigou en qualité de conseiller chargé de l’assurance-maladie, des professions de santé et du médicament entre 2001 et 2002.

Enfin, une 4e candidature a été enregistrée à l’agence du médicament, celle d’Isabelle Adenot, présidente du conseil national de l’Ordre des pharmaciens. Elle n’est pas confirmée par l’intéressée mais à l’ANSM, on assure qu’elle a été auditionnée... Sa nomination y est considérée comme « hautement hypothétique ».

En attendant l’ultime arbitrage, « l’agence est dirigée, il n’y a pas de vacance du pouvoir », souligne Claude Pigement, vice-président de l’ANSM.

Henri de Saint Roman

Source : Le Quotidien du Médecin: 9340