Cette journée du 29 janvier devrait être un succès pour les syndicats et les organisateurs de ce mouvement de grève et de protestation. Le monde de la santé devrait y participer massivement. L’inquiétude est en effet manifeste à l’hôpital alors qu’approche la discussion de la loi HPST à l’Assemblée Nationale, mais elle est grande également parmi les personnels soignants des cliniques, les médecins du travail, les médecins scolaires, les praticiens conseils, les psychiatres du secteur public...... Le monde de la santé, comme beuacoup de secteurs d’activité, craint des réductions d’effectifs que pourrait notamment entraîner la « Révision générale des politiques publiques » (RGPP). A quelques semaines du débat parlementaire, qui s’annonce agité notamment sur l’avenir de l’hôital, cette journée pourrait sonner comme un avertissement pour le gouvernement et même le Président de la République. D’autant que 69% des français selon divers sondages jugent justifiée cette journée de protestation.
• La mobilisation s’annonce forte à l’hôpital
À l’hôpital public en particulier, où travaille un million de personnes, la mobilisation s’annonce forte. Beaucoup plus forte que par le passé, ce qui ne manque pas d’inquiéter le gouvernement (« le Quotidien » d’hier). La totalité des syndicats médicaux et non médicaux appellent à la grève. Deux syndicats de directeurs également (CH-FO et SYNCASS-CFDT). L’activité programmée est reportée, les plateaux techniques resteront ouverts pour les urgences. La Fédération hospitalière de France (FHF), qui a sondé quelques établissements en début de semaine, indique que les assignations de médecins, parfois sources de tension, ne semblent pas poser de problème. « On ne nous a pas signalé de déprogrammation massive des consultations », précise la FHF. Difficile néanmoins de se faire une idée précise du taux de participation, car avec un mot d’ordre national, les hospitaliers n’ont pas eu besoin de déposer un préavis local. Pour les agents de la fonction publique hospitalière comme pour les praticiens hospitaliers, la contestation se cristallise autour du projet de loi Bachelot (loi « hôpital, patients, santé, territoires »). Certains syndicats demandent de profonds aménagements, d’autres exigent carrément son retrait. S’y ajoutent par endroits des revendications locales. À l’AP-HP (Assistance publique-Hôpitaux de Paris) par exemple, les syndicats de personnel réclament l’abandon du projet de regroupement des 38 hôpitaux qui composent le CHU parisien, ainsi que l’arrêt des restructurations, l’arrêt des plans d’économies, et l’arrêt des suppressions de postes. Le milliard d’euros que l’ensemble des hôpitaux français doivent économiser en 2009 se traduira par « la suppression de 20 000 postes, alors que dans le même temps (l’État) donne 400 milliards d’euros aux banques et aux spéculateurs », précisent les syndicats de l’AP-HP dans leur tract. Deux des quatre intersyndicats de praticiens hospitaliers (la Confédération des praticiens des hôpitaux et l’Intersyndicat national des praticiens hospitaliers) n’excluent pas de maintenir la pression, si leurs demandes - renégociation de la loi HPST, amélioration de la retraite, renforcement de la place du corps médical au sein des hôpitaux - ne sont pas entendues : d’autres actions sont envisagées pour le mois de février, notamment l’appel à la rétention du codage des actes.
Cliniques privées : les personnels appelés à manifester
Les médecins qui exercent dans l’hospitalisation privée seront à leurs postes jeudi. Ainsi le Dr Philippe Cuq, président de l’Union des chirurgiens de France (UCDF) affirme que les médecins ne participeront pas à cette journée d’action et de mobilisation. En revanche, les personnels soignants des cliniques sont appelés par l’intertsyndicat interprofesionel composé de la CGT, de la CFDT, de la CFE-CGC, FO, FSU, SUD et UNSA a participer à cette journée d’action pour exiger « des salaires décents à la la place d’une politique de bas salaires ». Pour L’Union fédérale de la santé privée (CGT) il convient d’obtenir « 11% de rattrapage sur le perte du pouvoir d’achat en 8 ans, l’embauche de personnels qualifiés pour un arrêt des glissements des tâches, et la transparence sur les fonds publics alloués aux établissements ».
Médecins des centres de santé : défendre le service public
L’Union syndicale des médecins de centres de santé (USMCS) a annoncé sa participation à la manifestation unitaire interprofessionnelle d’aujourd’hui. Il s’agit, pour l’USMCS, de « défendre les services publics, l’augmentation des salaires, la défense des statuts et des conventions collectives, contre les restructurations et les fermetures de services hospitaliers qui anticipent les orientations du projet de loi Hôpital, patients, santé et territoires », mais aussi d’ « exiger le retrait pur et simple de ce dernier ». Pour ce syndicat, seules les revalorisations salariales et « la préservation des systèmes publics et solidaires de santé et de protection sociale » permettront de « répondre aux besoins sociaux » engendrés par la crise économique et financière.
Médecins et personnels des services de santé au travail: un « enjeu social »
Le Syndicat national des professionnels de la santé au travail (SNPST) appelle à la grève « pour défendre et promouvoir la santé au travail, véritable enjeu social ». Dans un contexte de crise, les médecins du travail, infirmières, assistantes, intervenants en prévention des risques professionnels, regroupés dans le SNPST, « constatent que la précarisation croissante du travail (CDD, intérimaires), l’intensification du travail, le management par le stress, sont des facteurs majeurs de l’explosion des troubles psychosociaux et des troubles musculosquelettiques (TMS) ». Les autres syndicats de médecins du travail suivent les consignes de mobilisation unitaire de leurs confédérations (CFTC, CFDT, CFE-CGC, CGT, FO).
Praticiens conseils et agents de la sécu ppur la défense de l’assurance-maladie
L’ensemble des syndicats de praticiens conseils et des agents employés dans les caisses d’assurance-maladie suivent, logiquement, les mots d’ordre de mobilisation « massive » lancés par les grandes confédérations auxquelles ils sont affiliés. Les différentes fédérations syndicales d’organismes sociaux appellent donc les salariés des caisses de sécurité sociale à débrayer pour défendre l’emploi, le pouvoir d’achat, « le cadre collectif et solidaire de la protection sociale » et « des services publics de qualité ». Chez les praticiens conseils, l’appel à la grève a une autre motivation. « Le versant ARS [Agences régionales de santé] du projet de loi HPST nous inquiète beaucoup », souligne le Dr Jean-François Gomez du SGPC-CGC. Les ARS, renchérit le Dr Florence Toureille du SNPDOS-CFDT, posent « le problème de l’avenir de l’Assurance-maladie - puisque les agences vont contractualiser avec tous les assureurs - et des personnels, en particulier de ceux dont les missions seront absorbées (URCAM, CRAM…) ». Les praticiens conseils des caisses sont notamment invités à cesser le travail « une journée ou une heure, car cela suffit pour montrer son soutien et son mécontentement », précise-t-elle.
Médecins scolaires contre les réductions d’effectifs
Les syndicats de médecins scolaires participent à la journée d’action interprofessionnelle de ce jeudi, suivant la ligne adoptée conjointement par huit organisations syndicales de la Fonction publique (CFTC, CFDT, CFE-CGC, CGT, FO, FSU, Solidaires, UNSA). Ces huit fédérations de la Fonction publique demandent à l’ensemble des fonctionnaires et agents à participer « massivement à la grève et aux manifestations » pour défendre l’emploi, les salaires et demander « les moyens nécessaires à la pérennisation du financement des missions publiques en lieu et place de l’actuelle politique d’austérité ». Face aux réductions d’effectifs programmés par la Révision générale des politiques publiques (RGPP), les fédérations syndicales de la Fonction publique « rappellent leur détermination pour le développement de services publics de qualité dotés de tous les moyens nécessaires pour répondre encore mieux aux besoins sociaux et de solidarité ».
Les pilotes d’hélicoptères des SAMU ne voleront pas
Les 160 pilotes d’hélicoptères des SAMU sont appelés à clouer leurs appareils au sol pendant 48 heures, aujourd’hui et jusqu’à demain minuit. Les deux principaux syndicats de la profession, le SNPL France ALPA (Syndicat national des pilotes de ligne) et le SATA CGT, ont en effet lancé ce mot d’ordre de grève pour protester contre « l’échec des négociations salariales et le non-respect des engagements pris par le gouvernement et le SNEH [Syndicat national des exploitants d’hélicoptères] lors du dernier conflit des pilotes d’hélicoptères ». Les deux syndicats de pilotes réclament aussi « l’ouverture de négociations par le ministère de la Santé sur l’organisation des opérations d’urgence héliportées ». La cessation d’activité des pilotes des SAMU dépendra de leur mobilisation mais aussi bien sûr des réquisitions. « Ce sont les préfets qui vont prendre les décisions, explique Thierry Coiffard du SNPL France ALPA. Ils s’exposent à ce qu’on attaque les réquisitions d’entreprises privées ». En janvier 2008, le SNPL a gagné en référé contre l’État qui avait réquisitionné deux pilotes privés travaillant pour le SAMU de Brest, au motif que cela portait atteinte au droit de grève et que d’autres hélicoptères (armée, gendarmerie, sécurité civile…) auraient pu être utilisés en premier recours.
Les psychiatres du secteur public en nombre
« Nous refusons la politique de la peur » : c’est derrière cette banderole que défileront les psychiatres un peu partout en province et à Paris (au départ de la place de la République), à l’appel de l’Union syndicale de la psychiatrie (USP). Les récentes déclarations de Nicolas Sarkozy, qui, selon l’USP, transforment l’hôpital psychiatrique en « forteresse sécuritaire », ont mis le feu aux poudres, dans un secteur en mal de reconnaissance. Les psychiatres sont les médecins les plus syndiqués : la mobilisation s’annonce très forte. Psychiatres, pédopsychiatres, infirmiers, psychologues sont invités à rejoindre ce front uni contre les « contrôles, fichages et rétentions » d’informations. Une autre manifestation parisienne, au départ de la place de la Bastille, est organisée par l’Intersyndicale de défense de la psychiatrie publique. La crise de la démographie médicale, les difficultés budgétaires, le refus de certains passages de la loi HPST (hôpital, patients, santé, territoires), sont autant de motifs invoqués par l’Intersyndicale pour aller battre le pavé.
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