Réforme du travail et comptes publics

Le temps de l'action

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Publié le 29/06/2017
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Le temps de l'action

Le temps de l'action
Crédit photo : AFP

L'exécutif déploie son action sur divers fronts à la fois. Le président Macron a amélioré l'image de la France à Bruxelles pendant qu'Edouard Philippe franchissait hâtivement le cap du remaniement gouvernemental pour attaquer de front les dossiers en cours, principalement la réforme du code du travail. On connaît maintenant les grandes lignes de cette réforme, à laquelle les syndicats s'opposent assez fermement pour que l'on puisse craindre des grèves et des manifestations en septembre : primauté des accords d'entreprise (sur les accords de branches), modification des critères permettant les licenciements, contrats adaptés à des missions précises (et donc à leur durée). La loi d'habilitation qui permettra au gouvernement de légiférer par ordonnances sera examinée à l'Assemblée à partir du 28 juillet. 

La réforme du code du travail, cependant, ne suffira pas à relancer l'emploi. Elle doit servir à accompagner un plus grand nombre de créations d'emplois obtenu par une baisse drastique des coûts du travail, elle-même compensée par une hausse de la CSG, déjà perçue comme très injuste par les retraités et salariés. Le gouvernement a prévu une diminution des impôts directs mais, dans le cas des retraités, elle ne pourra pas compenser la hausse de la CSG. Même si le droit du travail est de nature à faire monter la fièvre sociale en France, la réécriture du texte ne représenterait qu'un palier dans la lutte contre le chômage qui, elle, ne peut réussir que si les entreprises françaises parviennent à augmenter la compétitivité de leurs productions grâce à une baisse des charges.

D'indispensables économies budgétaires

Les grands projets du gouvernement sont donc indissociables. La diminution du chômage passe par une réduction des coûts et le seul bon moyen de financer cette baisse réside dans les économies budgétaires à grande échelle. Tant que le travail continuera à financer les dépenses sociales, nous continuerons à perdre des marchés face à la concurrence étrangère. M. Macron, pour le moment, souhaite reporter un certain montant des charges sociales (payées par l'entreprise et par les salariés) sur la CSG, instrument salué depuis des lustres comme le grand triomphe du rocardisme, mais dont le poids commence à être accablant pour les ménages. Et, comme il lance de multiples chantiers, il annonce déjà qu'il ne pourra pas maintenir le déficit budgétaire de cette année et celui de l'année prochaine sous la barre des 3 % exigée par les critères de Maastricht.

Non sans une once de sadisme, c'est aux deux ministres de droite, Bruno Le Maire et Gérald Darmanin, que M. Macron a confié la gestion des comptes publics. Comme d'habitude, il s'agit d'une tâche particulièrement ardue, et elle ne peut être menée à bien que si la totalité des ministres participe à la réduction des dépenses publiques. C'est un point essentiel de l'action gouvernementale : il faut faire des économies pour financer le redressement économique et éviter de porter atteinte au pouvoir d'achat des Français. Pour le moment en effet, la croissance est stimulée en France par la consommation. Plus nos concitoyens dépenseront, plus de chances nous aurons de relancer une machine économique plutôt grippée. 

La hausse de la CSG n'est donc pas seulement désagréable pour les retraités. Elle est contraire au déploiement des moyens propres à relancer la croissance. Laquelle ne prendra son essor que si les dépenses publiques sont maîtrisées. M. Macron ne doit pas compter uniquement sur sa popularité dans le club européen. Il doit apporter des solutions à la fois utiles et pragmatiques à une crise qui continue à faire des ravages dans le tissu social et dont les élections de 2017 n'ont pas réduit l'intensité.

 

Richard Liscia

Source : Le Quotidien du médecin: 9593