Méningites B en Seine-Maritime

Les campagnes de vaccination vont être poursuivies

Publié le 27/04/2010
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Crédit photo : AFP

DEPUIS 2006, des campagnes de vaccination sont régulièrement proposées dans le département de Seine-Maritime qui connaît, depuis 2003, une situation d’hyperendémie d’infections invasives à méningocoques due à la circulation d’une souche de méningocoque B particulièrement virulente (B:14:P1.7,16). Le vaccin utilisé (MenBvac), le seul disponible qui ait démontré son efficacité, a été développé par l’Institut norvégien de santé publique. Conçu à partir d’une souche de phénotype proche B:15:P1.7,16, il permet une protection croisée contre la souche mise en évidence en Seine-Maritime. Afin d’interrompre la transmission de cette souche, le CTV(Comité technique des vaccinations) et le CSHPF (Conseil supérieur d’hygiène publique de France) ont recommandé en mars 2006 la vaccination des enfants et adolescents de 1 à 19 ans de l’ensemble du département. Toutefois, les contraintes liées à la mise à disposition limitée des doses de vaccin par l’institut norvégien ont obligé les autorités sanitaires à adapter la stratégie vaccinale en fonction du calendrier de livraison des vaccins et de l’évolution épidémiologique en Seine-et-Marne et dans les départements limitrophes. Les recommandations ont ainsi été régulièrement actualisées.

La première campagne, en juin 2006, a d’abord concerné les enfants âgés de 1 an à 5 ans dans 3 des 6 cantons de l’arrondissement de Dieppe (zone 1). À partir de 2008, la zone d’hyperendémicité s’est étendue aux départements limitrophes, notamment à la Somme. La vaccination a été élargie à deux autres zones (zone 2 pour 3 cantons à l’est de Dieppe, zone 3 pour 4 cantons à l’Ouest d’Abbeville, dans la Somme) et aux classes d’âge 6-19 ans, 2-11 mois et 20-24 ans.

Hyperendémicité persistante.

Le nouvel avis du HCSP tient compte de la situation épidémiologique au 28 février, laquelle se caractérise par la persistance de l’hyperendémicité en Seine-Maritime et dans la Somme. Il s’appuie aussi sur les données concernant le vaccin, son efficacité suggérée par la forte réduction de l’incidence des IIM dans les zones couvertes par les campagnes de vaccination et sa bonne tolérance. Le HCSP recommande, « comme en 2010, la poursuite en 2011 des campagnes vaccinales avec le vaccin MenBvac dans les zones et groupes d’âge qui seront jugées prioritaires en fonction de l’épidémiologie ». La surveillance épidémiologique, sérotypique et génotypique des IIMB devra également être maintenue. Les modalités de la campagne pour le reste de l’année 2010 feront l’objet d’un prochain avis du HCSP.

Au cours des 52 dernières semaines, aucun nouveau foyer n’a été identifié. En Seine-Maritime, dans les zones ciblées par la vaccination, la couverture vaccinale est élevée, proche de 80 %, pour la primovaccination des enfants de moins de 20 ans mais plus modeste pour le rappel (65 %). Elle est faible chez les 20-24 ans (45 %). Dans la zone 1 (Dieppe et 74 communes environnantes), deux nouveaux cas confirmés d’IIM B:14:P1.7,16 ont été observés chez des sujets non vaccinés de 11 mois et 5 ans. Un seul cas a été observé chez un adulte non vacciné de la zone 2 et cinq cas chez des adolescents et des adultes dans le reste du département. L’incidence globale reste faible (0,6 pour 100 000) mais demeure élevée chez les nourrissons de moins de un an (6,4 pour 100 000).

Dans la Somme, 7 cas d’IIM liées à la souche B:14:P1.7,16 ont été recensés dont un décès. Ces cas sont répartis sans lien géographique dans l’ensemble du département. Aucun cas n’est survenu depuis avril 2009 dans la zone 3, dans laquelle une campagne de vaccination a déjà été réalisée. L’incidence diminue dans cette dernière zone mais elle augmente dans le reste du département. Elle est particulièrement élevée chez les nourrissons de moins de 1 an (14,6 pour 100 000).

Pas d’autre vaccin.

Les données de tolérance du vaccin recueillies sont globalement satisfaisantes. Un suivi renforcé proactif de pharmacovigilance a été mis en place en 2006. Un premier rapport rendu en mars 2007 par l’AFSSAPS (Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé) avait conclu qu’aucun signal anormal n’avait été identifié. Les événements rapportés concernaient en majorité, des réactions bénignes, transitoires, de type douleur au site d’injection, fébricules et troubles gastro-intestinaux (vomissements), des réactions peu différentes de celles habituellement observées pour d’autres vaccins pédiatriques. Un nouveau bilan établi à partir des données recueillies pour les 120 000 doses administrées à ce jour chez environ 45 000 sujets âgés de 2 mois à 19 ans, Les réactions rapportées sont les mêmes que celles décrites en mars 2007. Les cas signalés comme graves car ayant conduit à une hospitalisation sont au nombre de 63 et ont tous évolué favorablement. Il s’agissait principalement de purpuras fébriles, de purpuras thrombopéniques, de convulsions fébriles et des céphalées. Aucun choc anaphylactique n’a été rapporté.

Le HCSP précise qu’un vaccin autre que le MenBvac est en cours de développement, mais que le calendrier prévisionnel de dépôt de dossier à l’Agence européenne du médicament ne permet pas d’envisager sa mise sur le marché en 2011.

 Dr LYDIA ARCHIMÈDE

Source : Le Quotidien du Médecin: 8759