Les chauves-souris, principal réservoir du coronavirus

Par
Publié le 13/06/2017
chauve souris

chauve souris
Crédit photo : Kirsten Gilardi, UC Davis

D’après une étude menée pendant cinq ans dans 20 pays de trois continents, et publiée dans « Virus Evolution », les chauves-souris sont le principal réservoir des coronavirus.

Cette famille de virus est responsable du SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère) et du MERS (syndrome respiratoire du Moyen-Orient), et depuis l’émergence de ces pathologies, il était clair que les chauves-souris avaient une place importante en tant que réservoir de ces virus. Cependant seulement 6 % des séquences de coronavirus de la base de données GenBank proviennent de ces animaux.

Un millier d’échantillons humains dans 7 pays

Des chercheurs américains ont voulu mieux connaître les coronavirus et leurs vecteurs. Ils ont testé plus de 19 000 animaux (chauves-souris, rongeurs, et primates non-humains) dans des zones où le risque de transmission de l’animal à l’homme était le plus élevé. Ils ont ainsi prélevé ces animaux au Cameroun, au Gabon, en République démocratique du Congo, au Congo, au Rwanda, en Tanzanie et en Ouganda pour l’Afrique, au Pérou, en Bolivie, au Brésil et au Mexique pour l’Amérique latine et au Bangladesh, au Cambodge, en Chine, en Indonésie, au Laos, en Malaisie, au Népal, en Thaïlande et au Vietnam pour l’Asie.

Ils ont aussi prélevé plus d’un millier d’échantillons humains dans 7 pays d’Afrique et d’Asie pour explorer la capacité des virus à passer de l’animal à l’humain. Ils ont identifié 100 coronavirus différents et découvert que 98 % des animaux porteurs de ces virus étaient des chauves-souris (représentant 282 espèces différentes), et que 91 de ces 100 virus étaient présents chez des chauves-souris. La proportion d’individus positifs à un coronavirus était de 8,6 % chez les chauves-souris et de 0,2 % chez les autres animaux.

En extrapolant ces résultats aux 1 200 espèces de chauves-souris existantes, ils ont estimé que celles-ci étaient porteuses de 3 204 coronavirus de par le monde. Ils ont aussi montré que la diversité des coronavirus était associée à celle des chauves-souris (on trouvait un grand nombre de virus concentré là où il existait un grand nombre d’espèces des chauves-souris).

Variations régionales

Les chercheurs ont aussi observé que les coronavirus chez les chauves-souris d’Amérique latine étaient moins capables que les coronavirus africains et asiatiques de passer à un autre genre animal (ou famille), signe d’un risque relativement peu élevé de transmission à l’être humain sur ce continent.

Il ne s’agit pas de pourchasser les chauves-souris, insistent les auteurs, car celles-ci jouent un rôle important dans l’écosystème (étant des prédateurs d’insectes, et des pollinisateurs), et la plupart des coronavirus qu’elles transportent sont sans danger pour l’homme. « Toute intervention doit donc être envisagée avec attention », soulignent-ils.


Source : lequotidiendumedecin.fr