Plan national pour les soins palliatifs et la fin de vie

Les médecins appelés à prendre le « virage ambulatoire »

Publié le 07/12/2015
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il existe un consensus pour des soins palliatifs mieux déployés et mieux connus

il existe un consensus pour des soins palliatifs mieux déployés et mieux connus
Crédit photo : SEBASTIEN TOUBON

C’est à la Fondation Œuvre Croix Saint-Simon (FOCSS, 19e arrondissement de Paris), 3e établissement francilien de l’Hospitalisation à domicile (HAD), que Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales et de la Santé, a décidé de présenter le plan national 2015-2018 pour le développement des soins palliatifs et l’accompagnement de fin de vie.

Le choix de la FOCSS donne le ton en mettant clairement l’accent sur l’un des quatre axes de ce plan très attendu : le développement de la prise en charge à domicile des soins palliatifs et d’accompagnement de fin de vie, « à la maison comme en EHPAD ». Pour la ministre, « le virage ambulatoire » dans ce domaine est « un grand axe de modernisation du système de santé », car « les Français (...) disent vouloir pouvoir terminer leur vie chez eux, entourés de leurs proches ». Les trois autres axes consistent à réduire les inégalités d’accès sur le territoire, à mieux informer les patients et améliorer la formation des professionnels de santé.

Un plan de 190 millions d’euros

Près de 190 millions d’euros seront mobilisés sur la période. Alors que la proposition de loi de santé sur la fin de vie n’est pas encore votée, la ministre a insisté sur le fait que la réflexion autour du plan national a été menée « à côté », car, quelles que soient les positions sur la loi, il existe un point de consensus pour « des soins palliatifs mieux déployés, mieux connus et mieux développés ». La ministre a fixé un objectif chiffré pour chaque région qui « devra disposer d’au moins 1 lit de soins palliatifs pour 100 000 habitants d’ici 2018 ». Dès 2016, au moins six nouvelles unités de soins palliatifs seront créées.

Ce plan veut « marquer une rupture » dans la façon d’aborder l’enjeu en s’adressant « à la fois aux patients et aux professionnels de santé ». Pour exprimer une demande, le patient doit connaître ses droits.

Comme la ministre l’explique, compte tenu d’un essor récent et très rapide des soins palliatifs, la médiatisation n’a pas été une priorité jusque-là.

Simplifier est le mot d’ordre « pour mieux communiquer ». C’est dans cet esprit qu’est annoncée la fusion (à moyen constant) de deux grandes structures hébergées par la fondation FOCSS : le Centre national de ressources en soins palliatifs et l’Observatoire national de fin de vie. D’ici 1 an, sera lancée une grande campagne de communication à destination des Français sur les soins palliatifs et les directives anticipées, suffisamment réfléchie pour « ne pas être anxiogène ».

Création de 30 équipes mobiles

Pour ce projet ambitieux, la ministre a affirmé que la HAD est « une priorité budgétaire », rappelant qu’il y a eu une revalorisation de ses tarifs l’an dernier, « là où les tarifs des autres spécialités ont eux diminué ». Les moyens seront renforcés avec la création d’au moins 30 nouvelles équipes mobiles de soins palliatifs dès 2016 pour assurer un meilleur maillage du territoire. La ministre entend « éviter les hospitalisations inutiles », qui parfois « se multiplient » car « les acteurs de premier recours - qu’il s’agisse du médecin généraliste, de l’infirmière ou de l’aidant - ne sont pas toujours bien armés ».

Au-delà des moyens renforcés, la ministre se tourne vers les professionnels et leur demande de mieux se coordonner et d’acquérir « une plus grande expertise ». Chaque établissement disposant d’un service d’urgence devra « mettre en place un protocole avec les services de l’HAD ou de soins infirmiers à domicile ». Ce qui signifie concrètement que le régulateur saura qui est pris en charge à domicile afin de mieux gérer les appels téléphoniques de détresse et « éviter un recours aux urgences qui n’est pas nécessaire ».

Quant à la formation des professionnels de santé, qui a été qualifiée de « disparate, épisodique, trop centrée sur le volet sanitaire », la ministre entend la transformer : « Il y aura un avant et un après ». Il s’agit de la décloisonner et de la structurer dans le temps, avec une formation « dès l’entrée dans les études » poursuivie « tout au long du cursus » et « en fin d’études de manière spécialisée ceux qui s’(y) destinent plus particulièrement » au cours du troisième cycle en gériatrie, pédiatrie, anesthésie-réanimation ou oncologie.

Dr Irène Drogou

Source : Le Quotidien du Médecin: 9456