Les vœux de Bertrand aux professionnels : indulgence des libéraux, amertume des hospitaliers

Publié le 16/01/2012
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LE MINISTRE de la Santé a reçu le monde de la Santé pour une cérémonie de vœux. L’occasion pour Xavier Bertrand de faire le bilan de 2011 et de tracer quelques perspectives.

Les libéraux se montrent globalement plus compréhensifs à l’égard du ministre. Pour le Dr Michel Chassang, président de la CSMF, « Xavier Bertrand s’est beaucoup préoccupé de la médecine libérale au cours de ses vœux ». Le Dr Chassang reconnaît que « beaucoup de choses ont été faites en 14 mois, comme la préparation de la convention ou le déminage de la loi Bachelot. Cela contraste avec les quatre premières années du quinquennat qui ont été nulles ». Un constat partagé par le SML. Selon son président, le Dr Christian Jeambrun, Xavier Bertrand s’est montré « très rassembleur », vantant la confiance retrouvée des professionnels de tout bord. Quant au Dr Claude Leicher, de MG-France, il retient des paroles du ministre un « axe politique fort » : l’investissement proclamé sur la médecine de proximité, qui se traduit par un soutien à l’exercice en équipe et aux maisons de santé. Mais les moyens sont-ils à la hauteur des engagements ? Claude Leicher en doute, car selon lui, « la confiance des professionnels est loin d’être regagnée ». Au SML, on relève plusieurs messages favorables. « Xavier Bertrand a renouvelé son intérêt pour les mesures incitatives dans le dossier de la démographie, alors que le projet de la FHF et la proposition de loi Vigier sont très coercitifs », analyse Christian Jeambrun. À la FMF, le Dr Jean-Paul Hamon est moins tendre et regrette le discours du ministre sur la RCP, « présentée comme un problème réglé ». Pour lui, « c’est peut-être réglé pour les assureurs, mais sûrement pas pour les médecins qui vont subir d’importantes augmentations de leurs primes ».

Le chantier du secteur optionnel ne laisse personne indifférent. Le patron de la CSMF regrette que Xavier Bertrand n’ait pu régler ce problème même si « les choses ne sont pas terminées », assure-t-il. Même état d’esprit au SML : « Nous observons un décalage entre le discours ministériel et la réalité ».

Discours d’opportunité.

Les vœux de Xavier Bertrand ont laissé un goût amer aux syndicats de praticiens hospitaliers. « Xavier Bertrand nous a servi un discours électoraliste, il y en avait pour tout le monde » résume la présidente de l’Intersyndicat national des praticiens hospitaliers (INPH), le Dr Rachel Bocher. Les mêmes mots reviennent dans la bouche de Pierre Faraggi, président de la confédération des praticiens des hôpitaux (CPH) : « C’est un discours d’opportunité en période pré-électorale, un non-événement », estime-t-il. « C’est un bon orateur », confirme, ironique, le Dr François Aubart pour la Coordination médicale hospitalière (CMH).

Les motifs de satisfactions sont rares. Au mieux, le président de la CMH relève l’accord-cadre relatif à l’exercice médical à l’hôpital, qui marque une avancée sur les comptes épargne temps. Il reste circonspect sur la publication du décret sur les commissions médicales d’établissement (CME), annoncé comme imminent. « Nous avons deux attentes essentielles : que les CME puissent avoir un avis sur l’EPRD (budget prévisionnel) et sur les postes médicaux, et pas uniquement universitaires. » Du côté d’Avenir Hospitalier, c’est l’incompréhension. Le jeune syndicat qui a réalisé une percée aux dernières élections professionnelles n’a pas été invité aux vœux. « Nous ne savons pas si nous sommes jugés représentatifs par le ministère ou non », résume, contrariée, la présidente Nicole Smolski.

 C.G. et H.S.R.

Source : Le Quotidien du Médecin: 9066