Macron annonce un forfait psy de 10 séances remboursées pour les enfants et les ados, les initiatives se multiplient sur la santé mentale

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Publié le 15/04/2021

Crédit photo : Phanie

Depuis le début de la crise sanitaire, les indicateurs de santé mentale des Français se sont fortement dégradés, notamment chez les populations les plus vulnérables (jeunes, femmes, précaires…). Selon Santé publique France, près d'un tiers (31 %) de la population rapporte des états anxieux ou dépressifs depuis le début de la pandémie, un taux extrêmement élevé. 

Dans ce contexte, les initiatives se multiplient pour faciliter la prise en charge des publics les plus vulnérables, à l'instar du « chèque psy » pour les étudiants, mis en place par le gouvernement.

Sur prescription

Mercredi 14 avril, Emmanuel Macron a annoncé cette fois la mise en place d'un forfait de prise en charge intégrale de dix séances de psychologue prépayées face à la montée de la détresse due à la crise Covid chez les enfants et les adolescents.

Plus précisément, ce forfait permettra le remboursement à 100 % de 10 séances de psychologue en ville pour des enfants et adolescents de 3 à 17 ans. Il sera « activable » tout au long de la crise, auprès de psychologues partenaires listés sur une plateforme et dans le cadre du parcours de soins (prescription médicale).

L'idée est de soulager la pédopsychiatrie, en manque d'effectifs de longue date et particulièrement débordée depuis la deuxième vague, avec des demandes de prise en charge pour des dépressions, des troubles alimentaires ou encore des refus d'école.

Les complémentaires s'engagent aussi

Depuis 2018, l'Assurance-maladie expérimente déjà la prise en charge de séances de psychothérapies – 20 maximum – prescrites par le médecin généraliste dans quatre départements (Haute-Garonne, Landes, Morbihan, Bouches-du-Rhône), pour les patients âgés de 18 à 60 ans avec des troubles légers à modérés. « 250 000 consultations ont déjà été remboursées sur les 4 départements », a précisé Patrice Bouchaïb, secrétaire général du Syndicat national des psychologues et psychothérapeutes, lors d'une récente table ronde sur la santé mentale*. Censée se terminer en 2022, l'expérimentation a vocation à être généralisée.

Du côté des complémentaires, la Mutualité française a proposé de rembourser, à partir du deuxième semestre 2021, quatre séances chez un psychologue « dès le 1er euro et dans la limite de 60 euros » sur prescription du médecin généraliste pour les adhérents des mutuelles santé qu'elle représente. La mise en place doit avoir lieu « dans les prochaines semaines » pour un coût total « évalué entre 140 et 180 millions d'euros en année pleine », souligne Albert Lautman, directeur général de la FNMF. Les assureurs et institutions de prévoyance se sont également engagés sur ce sujet.

En ville, des microstructures mobiles

Autre initiative, la création de « microstructures médicales post-Covid », expérimentées dans le cadre de l'article 51 (innovation organisationnelle) pendant deux ans. Composées d'un psychologue et d'un travailleur social, elles interviennent en ville avec le médecin traitant pour prendre en charge les patients fragilisés par la crise, précise Danièle Bader, présidente de la coordination nationale des réseaux de microstructures médicales. Leur financement se fera via un forfait de 537 euros par patient et par an. Cinq régions (Île-de-France, Grand Est, PACA, Bourgogne Franche-Comté et Hauts-de-France) et 58 microstructures volontaires s'apprêtent à y participer, avec une jauge fixée à 1 500 patients d'ici à deux ans.

Signés en juillet, les accords du Ségur de la Santé ont aussi permis de faire bouger les lignes en santé mentale, avec la mise en place d'ici à cet été de binômes généraliste/psychologue pour repérer la souffrance psychique des patients en ville et les orienter si besoin vers la psychiatrie. Le renforcement de cellules d’urgence médico-psychologiques, l’augmentation du nombre de psychologues dans les centres médico-psychologiques et la mise en place d'un numéro national de prévention du suicide ont été décidés lors du Ségur, a rappelé le Pr Frank Bellivier, délégué ministériel à la santé mentale et la psychiatrie.

Enfin des Assises de la psychiatrie, annoncées par Emmanuel Macron en début d'année, doivent se tenir fin juin autour de trois axes (prévention, offre de soins et publics vulnérables). En amont, le gouvernement lancera une consultation auprès des patients, des soignants et de la population, a assuré le Pr Bellivier.

* Table ronde organisée par l'Association des journalistes de l'information sociale (Ajis).


Source : lequotidiendumedecin.fr