Plusieurs réformes à la fois

Macron, l'homme pressé

Par
Publié le 11/09/2017
Article réservé aux abonnés
MACRON, L'HOMME PRESSÉ

MACRON, L'HOMME PRESSÉ
Crédit photo : AFP

Qu'est-ce qui incite le président de la République à s'engager sur plusieurs fronts sans laisser à l'opposition et aux syndicats le temps de digérer la refonte du code du travail ? Il ne lance pas dans ces diverses aventures sans courir de risques. Les manifestants des 12 et 23 septembre n'en auront que plus de causes à brandir, d'autant qu'il porte le fer sur des plaies jamais cicatrisées. Les retraités de la SNCF, qui bénéficient d'avantages féodaux et les fonctionnaires qui, lorsqu'on leur dit qu'ils sont trop nombreux, donc trop chers, insistent sur les pénuries de personnel dans les hôpitaux, dans la police et de la justice. Le débat national sur ces dossiers est permanent, de sorte que l'annonce d'une intervention gouvernentale est accueillie par la rébellion instantanée des intéressés.

M. Macron ne le dit pas, mais il est très satisfait des progrès qui ont été accomplis sur le travail et il pense que, en dépit des efforts de la France insoumise et de la CGT pour torpiller le projet, le tour est joué. Les ordonnances ont permis de mettre un terme aux discussions et la réforme du code est adoptée sans débat au Parlement. C'est déjà un coup de maître, c'est la première réforme de cette importance qui ait été mise en œuvre depuis bien longtemps. À l'étranger, elle a été saluée par des réactions qui vont de l'enthousiasme à l'incrédulité. On peut donc réformer la France ? Seul moyen de le savoir : poursuivre dans la voie ainsi tracée.

Éléments négatifs, éléments positifs

Dans la besace du président, on trouve des éléments négatifs et des élémenst positifs. Au passif, la chute de sa cote de popularité, qui se confirme, les couacs multiples de son gouvernement, un brin d'amateurisme décelé chez Édouard Philippe, le Premier ministre, le manque d'expérience des députés de la République en marche, l'insuffisance du travail de leur chef de groupe Richard Ferrand, l'affaire qui poursuit le même Ferrand, lequel, donc, accumule les tares.

Les éléments positifs sont généreusement offerts à M. Macron par l'opposition sous toutes ses formes : le Front national subit une crise interne post-électorale dont on n'a pas fini de mesurer les conséquences. Marine Le Pen semble avoir beaucoup de mal à surmonter son échec au second tour et sa prestation catastrophique à la télévision, pendant que ses lieutenants se battent à couteaux tirés.  Florian Philippot est contesté, Robert Ménard ne cache pas ses ambitions, Gilbert Collard vient d'annoncer que le Front renoncerait à la sortie de l'euro. Une cacophonie assourdissante qui ne fait pas du FN un parti de gouvernement, qui ne dit pas si Marine va rester à la tête de son parti, si les luttes intestines permettront à un nouveau leader, par exemple Marion Maréchal Le Pen, d'émerger.

Les Républicains ne sont pas en meilleure santé. Laurent Wauquiez est engagé dans une stratégie déjà expérimentée par Nicolas Sarkozy, qui conduira à l'explosion du parti en plusieurs tendances. M. Wauquiez ne manque pas de qualités, mais il n'a toujours pas compris que, si un chef du parti peut bâtir son leadership en durcissant ses positions, sur l'immigration notamment, il s'aliènera les centristes et les Républicains dits « constructifs » et ne créera pas pas un mouvement assez fort pour s'emparer un jour du pouvoir. Il ne suffit pas de dire, comme il le fait devant ses troupes, que la droite n'a pas disparu et qu'elle est forte, il faut qu'elle soit en mesure de s'imposer, ce qui est impossible pour le moment.

Quant au parti socialiste, le plus éprouvé par la défaite électorale, il ne peut tout simplement pas prétendre pouvoir influencer de quelque manière que ce soit la gouvernance de M. Macron. Les socialistes n'ont pour l'instant qu'un seul objectif : se retrouver, se regrouper, se réconcilier, trouver une ligne acceptable pour tous. Ce n'est pas du tout une mince affaire. Il reste la France insoumise. Elle tempête tous les jours, elle se déclare prête à couler le gouvernement, à prendre sa place, à se livrer pratiquement à un coup d'État. Elle mesurera ses forces le 12 septembre, c'est-à-dire demain. M. Macron, fort de sa majorité absolue et de l'invincibilité des institutions, a choisi de l'ignorer.

 

Richard Liscia

Source : Le Quotidien du médecin: 9600