« Nous sommes le seul syndicat encore libéral ». C'est par ces mots que le Dr Éric Henry, président du Syndicat des médecins libéraux (SML), a ouvert son congrès annuel à Marseille (la journée d'hier était réservée aux cadres), placé sous le signe de la prochaine élection présidentielle.
« Il doit émerger de vos esprits une notion politique », a lancé le Dr Henry face à une centaine d'adhérents présents, avant d'accueillir Nicolas Revel, directeur général de la CNAM, le Dr Jérôme Marty, président de l'Union française pour une médecine libre (UFML) et le Pr Pierre-Louis Druais, président du Collège de médecine générale (CMG), pour un débat autour de la nouvelle convention.
« Contrairement à ce que certains peuvent penser, cette convention 2 016 réinvestit fortement dans les tarifs des médecins, a plaidé le directeur de la CNAM face à une salle très opposée à ladite convention, rejetée à 95 % par le SML. Mais elle doit être juste et efficace, or tous les médecins ne travaillent pas pareil, donc tous les tarifs des médecins ne sont pas revalorisés de la même façon. »
Un gouvernement qui « tue » l'exercice libéral
Cette justification n'a guère convaincu les cadres du SML, pas plus que le Pr Druais qui s'est dit « peu satisfait, en tant que médecin généraliste depuis 40 ans, de la convention ». Le président du CMG a cependant reproché au SML sa « politique de la chaise vide » en tant que non-signataire.
Mais c'est le Dr Jérôme Marty, dont l'association UFML devrait se transformer prochainement en syndicat, qui a récolté le plus d'applaudissements sur un discours de défense acharnée de l'indépendance professionnelle. « Je suis opposé à cette convention depuis le début, car on ne peut contractualiser avec un gouvernement qui tue l'exercice libéral », a lancé le généraliste de Fronton, appelant à réformer le système de santé.
Il a exhorté les médecins à « casser les barrières » et a argumenté en faveur d'une liberté sur les honoraires, à nouveau acclamé. « Aujourd'hui le piège s'appelle l'ONDAM, qui fait croire que les médecins sont responsables de la crise économique du pays. On passe le C à 25 euros, mais on est encore très loin du compte, parce que l'ONDAM nous bloque, donc il faut en sortir », a proposé le Dr Marty, jugeant nécessaire que les politiques se rendent compte du « coût réel de la pratique », sinon « les médecins vont se barrer ».
La CNAM, un partenaire ?
« Les honoraires libres sont le début d'un processus délétère [...] et ce n'est pas une position idéologique que de dire ça, a tenté Nicolas Revel, sans convaincre les adhérents du SML. Dans le cas des chirurgiens et des obstétriciens par exemple, ce sont eux qui voulaient mieux maîtriser leurs dépassements, et c'est pour cela qu'on a créé l'OPTAM. »
Le Pr Druais a tenté d'apaiser le débat en demandant de ne pas confondre « le libéral et la liberté, qui n'ont pas la même sémantique ». « Pour le CMG, la CNAM reste avant tout un partenaire avec lequel on peut faire bouger les choses, et pas un représentant direct du gouvernement », a-t-il résumé.
Les médecins du SML ont ensuite écouté avec attention le Dr Jean Leonetti, maire d'Antibes et représentant d'Alain Juppé, qui a affirmé sans surprise sa volonté de « favoriser la médecine libérale ».
Selon un sondage* commandé par le SML et dévoilé ce vendredi, 25 % des personnes interrogées considèrent la santé comme un enjeu prioritaire de l'élection présidentielle, en septième position loin derrière l'emploi, la sécurité ou l'immigration. Mais 57 % des interrogés considèrent que les positions des candidats sur la politique de santé seront déterminantes dans leur choix.
* Sondage réalisé les 24 et 25 août par Opinion Way auprès d'un échantillon de 1 006 personnes représentatif de la population française.
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