Orthogériatrie

Mise en pratique

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Publié le 18/02/2016
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La fracture de l’extrémité supérieure du fémur (FESF) concerne des patients âgés en moyenne de plus de 80 ans, avec des comorbidités associées (5 à 7 pathologies en moyenne), 75 % de la mortalité péri-opératoire étant associée à celles-ci. La mortalité intrahospitalière va de 2 à 14 % et la mortalité à 6 mois de 12 à 23 %.

Face à cette difficulté, le concept d’orthogériatrie a émergé dans les années 1950 dans les pays anglo-saxons, reposant sur la reconnaissance d’une expertise gériatrique et l’implication des gériatres tôt dans la prise en charge de cette pathologie, ce qui est d’autant plus important que le caractère urgent de cette chirurgie multiplie la mortalité par six par rapport à une chirurgie programmée. Différents modèles de collaboration ont été décrits dans la littérature mais, en raison de contraintes sanitaires et sociales propres à chaque pays, aucun modèle d’organisation ne peut s’imposer. L’élément important réside dans la mise en place d’un système de collaboration entre urgentistes, orthopédistes, anesthésistes et gériatres. Il a été créé au sein du groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière en 2009, une unité péri-opératoire gériatrique ou UPOG dont l’ouverture a reposé sur les points clés suivants :

l’élaboration du projet en coopération avec tous les intervenants de la filière avant l’ouverture ;

l’élaboration d’objectifs d’organisation (signalement immédiat des patients avec FESF au service d’accueil des urgences pour décider de la thérapeutique rapidement) ;

prise en charge de la FESF comme une urgence opérable 24 heures sur 24 ;

reprise rapide de la marche pour éviter une perte d’autonomie ;

transfert rapide des patients en UPOG dès la sortie du bloc, (organisation du transfert en soins de suite et réadaptation dès l’arrivée en UPOG) ;

la mise en place d’une évaluation médicale reposant sur des critères cliniques pertinents tels que le délai chirurgical, la multimorbidité (syndrome démentiel 33 %, fibrillation auriculaire 20 %, insuffisance cardiaque 15 %, cardiopathie ischémique 15 %) et les complications (douleur, confusion, infections...).

Gériatre (Pitié-Salpêtrière, UPMC, Inserm)
Pr Jacques Boddaert

Source : Congrès spécialiste