Nouveaux horizons ?

Par
Publié le 24/11/2020
Article réservé aux abonnés

Pas facile de gérer une équation avec autant d’inconnues. Faute de l’admettre simplement, le gouvernement a cru bon ces derniers temps de mettre en cause les experts pour mieux se dédouaner des bugs qui lui sont - pas toujours injustement - imputés : pénurie et discours contradictoires sur les masques au printemps, doctrine louvoyante et retard à l’allumage sur les tests à la rentrée, reconfinement tardif cet automne… Olivier Véran a ainsi pointé « l’irresponsabilité » de certains de ses confrères au début de l’été. Jean Castex a évoqué l’absence d’unanimité et les discours changeants des scientifiques. Des mises en cause que le corps médical a accueillies avec plus ou moins de philosophie, comme en témoignent les réactions d'internautes sur notre site…

Emmanuel Macron qui doit intervenir ce mardi tentera-t-il à son tour de botter en touche ? C’est peu probable et c’est peu souhaitable. Car la phase qui s'ouvre nécessite moins de regarder dans le rétroviseur que de donner des perspectives. Alors que la décrue de la deuxième vague semble s'amorcer, signant l'efficacité du reconfinement, il s'agit de conjuguer désormais reprise économique et sécurité sanitaire tout en redonnant le moral aux Français. À cette aune, le chef de l'État va devoir répondre à des questions très concrètes : quels commerces rouvrir au 1er décembre ? Faut-il renouer avec le couvre-feu ? Doit-on rendre obligatoire l'isolement des contaminés ? Quelles « permissions » accorder pour les fêtes ? Pour triviaux qu'ils paraissent, il convient d'aborder ces sujets avec circonspection pour ne pas courir le risque d'un troisième rebond de l'épidémie, qui pourrait être fatal à un monde de la santé qui donne des signes d'essoufflement. Au-delà, il faudra surtout tracer les contours d'une politique vaccinale efficace. Un chantier hautement sensible et complexe en termes d'approvisionnement, de logistique, d'éthique, de mobilisation des acteurs et de communication en direction de la population.

Jean Paillard

Source : Le Quotidien du médecin