Réticences variées selon les pays

Plaidoyer pour la vaccination

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Publié le 14/06/2018
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« La confiance dans les vaccins en France est l’une des plus faibles d’Europe », regrette le Dr Reda Guiha, de Pfizer, qui ajoute que « le budget prévention correspond à 1,9 % de celui de la santé soit 0,2 % du PIB. »

Pourtant, « la vaccination est coût efficace et présente un retour sur investissement pour la communauté », soutient le Pr David Salisbury, du centre de sécurité en santé globale de Chatham House, à Londres. La journée d’information organisée par Pfizer dans ses laboratoires de fabrication de vaccins de Grange Castle à Dublin a en effet été l’occasion de montrer à la fois l’intérêt de la vaccination pour l’individu et pour la communauté. Le Pr Salisbury a ainsi rappelé, entre autres, l’augmentation du taux de mortalité pour les groupes à risque en cas de grippe (multipliée par 11 en moyenne, par 47,3 pour les personnes immunodéprimées, et par 48 pour les personnes souffrant d’hépatite chronique). Il note cependant que « les chiffres de la vaccination antigrippale ne sont pas très élevés », et présente l’intérêt de vacciner la communauté. « Un programme pilote dans des écoles a ainsi montré que la vaccination contre la grippe des enfants en primaire permettait de faire baisser le taux de consultations dans la communauté de 59 %, le taux d’hospitalisation de 34 % et celui d’hospitalisation en soins intensifs de 46 % », souligne-t-il. Idem avec la campagne de vaccination antiméningococcique C : « En 1999, les enfants de 5 à 18 ans ont été vaccinés à l’école, et la maladie a presque disparu pour les moins de 20 ans en quelques années, et fortement diminuée dans les classes d’âge supérieures, qui n’étaient pourtant pas concernées par la vaccination », précise le Pr Salisbury.

Des blocages variés selon les pays

Le Dr Pauline Paterson, de l’école d’hygiène et de médecine tropicale à Londres, de son côté, a présenté différents blocages survenant dans certains pays européens. « Au Danemark, un documentaire a ainsi mis sur la sellette le vaccin anti HPV, lui attribuant un "syndrome de tachycardie orthostatique posturale" et un "syndrome douloureux régional complexe" », indique-t-elle. « Aux Pays-Bas, des communautés anthroposophistes (une forme de spiritualité) rejettent les vaccins. Au Japon, une vidéo de crise d’épilepsie postée sur Youtube par une mère de jeune fille vaccinée contre le HPV a entraîné la recommandation par le ministère de la Santé de cesser la vaccination, faisant tomber le taux de couverture de 70 % à moins de 1 %. Et en France, la polémique porte surtout sur le risque de sclérose en plaques attribué au vaccin contre l’hépatite B. »

Éviter 11 millions de jours d’antibiothérapie par an

Comme l’indique le Dr Nicholas Kitchin, de la R & D de Pfizer, « un grand nombre d’infections deviennent difficiles à traiter et l’antibiorésistance devient une menace, conduisant à des hospitalisations plus longues, des coûts plus élevés et une augmentation de la mortalité. Nous devons donc être prudents à tous niveaux (public, professionnels de santé, agriculture, politique) dans notre usage des antibiotiques. Mais si les maladies bactériennes diminuent, nous aurons moins besoin d’antibiotiques, et mieux utiliser les vaccins existants permettrait de diminuer l’usage des antibiotiques et donc le développement de l’antibiorésistance. Si tous les enfants du monde recevaient les vaccins pneumococciques, on éviterait 11 millions de jours d’antibiotiques par an ! Une étude américaine menée en 2017 avait ainsi montré la diminution du nombre de cas de résistance aux macrolides pour les infections à pneumocoques à Atlanta, États-Unis, après l’introduction des vaccins PCV 7 et PCV13. »


D’après une conférence du Laboratoire Pfizer, à Dublin.

Fabienne Rigal

Source : Le Quotidien du médecin: 9673