Entretien

Pr Chen Zhu, ancien ministre de la Santé : « L’expérience française doit être adaptée à la Chine »

Publié le 04/12/2014
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LE QUOTIDIEN : La Chine est-elle parvenue à réformer son système de santé ?

PR CHEN ZHU : Il reste de grands défis tels que le vieillissement et les problèmes liés à l’environnement. La Chine est encore en voie de développement pour l’assurance-maladie et le système de santé public. L’expérience de la France représente une référence importante, mais elle doit être adaptée. La situation est tout à fait différente dans un pays de 1,3 milliard d’habitants.

En 2011, vous aviez initié le jumelage d’hôpitaux chinois avec 17 CHU français. À quoi cela a-t-il servi ?

Les échanges restent très actifs, et les hôpitaux chinois ont beaucoup appris au travers de cette coopération. Nous avons progressé sur la gestion, la sécurité, la qualité du service, le contrôle des infections nosocomiales, l’assurance-maladie. La France nous montre comment utiliser efficacement les ressources limitées pour la santé. La coopération entre les SAMU chinois et français est très active également.

En Chine, l’hôpital a le quasi-monopole des soins. Avez-vous réussi à développer les soins primaires ?

Nous avons fait un grand effort pour former des médecins de famille. La France nous sert beaucoup : il existe des cours de formation sino-français à Shanghai, à Pékin, dans le Guangdong. Il y a aujourd’hui 100 000 médecins généralistes en Chine, il en faudrait au moins 400 000. Cela permettrait aux grands hôpitaux de se recentrer sur les maladies difficiles.

Ministre, vous aviez engagé une lutte contre la corruption dans les hôpitaux. La situation est-elle assainie ?

Nous avons éliminé la commission que les médecins touchent sur la vente de médicaments dans la grande majorité des hôpitaux de district. Cette réforme s’étend progressivement aux grands hôpitaux des grandes villes. Les médecins n’ont pas perdu d’argent car leur salaire a pratiquement doublé, mais ils travaillent beaucoup, je dois dire ! Ils sont très, très fatigués. Nous gagnerons la bataille contre la corruption. Il le faut !

Propos recueillis par D. Ch.

Source : Le Quotidien du Médecin: 9371