Protection sociale, ASV, démographie : les syndicats se préparent à une négo « compliquée »

Par
Publié le 15/03/2016
NEGOS CNAM

NEGOS CNAM
Crédit photo : S. TOUBON

Les négociations conventionnelles entrent dans le vif du sujet ce mercredi 16 mars. L'ensemble des syndicats de médecins libéraux représentatifs (CSMF, FMF, MG France, SML et le BLOC) sont attendus au siège de la CNAM en compagnie des organisations d'étudiants, internes, chefs et jeunes généralistes.

La séance du matin sera dédiée à la démographie et à l'installation avec une partie sur l'accès aux soins spécialisés (aides pour les ophtalmos). MG France attend des annonces sur le virage ambulatoire, « à l'heure où il n'y a aucune visibilité et aucun ordre d'idée sur les sommes engagées », explique son président, le Dr Claude Leicher.

L'après-midi sera consacré aux conditions d'exercice et à la protection sociale du médecin, avec en ligne de mire deux points importants pour les médecins : la protection maternité et l'ASV.

Des « points durs de la négociation » pour la CSMF, opposée depuis le début à une protection maternité limitée (une aide mensuelle de 3 100 euros pendant trois mois) aux seules femmes de secteur I ou ayant souscrit un contrat d'accès aux soins.

« Nous viendrons avec une délégation composée de six femmes médecins installées en libéral pour consolider la protection maternité de toutes les femmes médecins quel que soit leur secteur d'exercice », confie au « Quotidien » le Dr Jean-Paul Hamon, président de la FMF.

Les syndicats de libéraux défendront par ailleurs une position commune sur l'ASV. La cotisation proportionnelle a été portée de 2,8 % à 3,8 % par la ministre. « Nous restons très attachés à une prise en charge aux deux tiers par les caisses pour les médecins de secteur I », rappelle le Dr Jean-Paul Ortiz, président de la CSMF. « Le maintien de la prise en charge par l'assurance-maladie des deux tiers est un préalable à la suite des négociations », prévient le Dr Leicher. Le SML souhaite également obtenir des garanties fermes dès ce vendredi.

Une journée sous le signe de la jeunesse

Les syndicats représentatifs d'étudiants, d'internes et de jeunes médecins ont été conviés aux discussions toute la journée. Une présence plutôt bien vue par les syndicats seniors. Le président de la CSMF se dit très satisfait. « Les jeunes ont une volonté de faire bouger les choses et ont des propositions proches des nôtres sur le statut social ou la revalorisation du métier, même si nous avons aussi des points de divergence ». « C'est une bonne chose de démarrer en leur présence », renchérit le Dr Claude Leicher. Le président de MG France aurait même souhaité que les syndicats de jeunes soient observateurs sur l'ensemble de la négociation. « Ils doivent se sentir accueillis dans le monde libéral », estime-t-il.

Une négociation quasi impossible ?

Le Dr Jean-Paul Ortiz se dit prêt à entrer dans le dur des négociations, « qui vont être particulièrement compliquées avec un ONDAM contraint, dans un contexte économique tendu ». « Nous avons un retard tarifaire très important à régler, avec des revendications légitimes d'un côté et un budget serré de l'autre. La question est politique, c'est la quadrature du cercle », conclut-il.

Là encore, le Dr Claude Leicher n'est pas plus optimiste. « Ces négociations s'annoncent impossibles, on nous demande d'économiser 1,3 % de la dépense avant même de négocier. C'est la bouteille à l'encre ! » regrette-t-il. « On peut discuter de tout, mais le problème principal de cette convention reste l'équité de traitement entre les médecins généralistes et spécialistes », conclut le patron de MG France.

Le SML a pour sa part demandé à avoir de la « visibilité sur le montant de l'enveloppe budgétaire mis à disposition pour la convention médicale ». « Nous ne sommes pas venus discuter d’un ou deux euros supplémentaires mais d'une réforme de la médecine française pour opérer le virage ambulatoire dont notre pays a besoin », commente le Dr Éric Henry, président du SML. 

Interrogé sur ce sujet, Nicolas Revel, directeur général de la CNAM, a plusieurs fois déclaré que l'éventuel futur accord se chiffrerait « en millions et non en milliards d'euros ». Pour le Dr Hamon, « il est possible de trouver des marges de manœuvre du côté des organismes complémentaires ».


Source : lequotidiendumedecin.fr