Éditorial

Protocole Omicron

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Publié le 21/01/2022

En ce début de troisième année de pandémie, qui peut se vanter d'avoir assimilé les nouvelles règles du jeu contre le Covid, remaniées comme jamais depuis la fin décembre ? Les signaux envoyés ces derniers jours témoignent encore de multiples adaptations des dispositifs de riposte à la pandémie. À temps et à contretemps parfois. Dimanche, la représentation nationale a fini par avaliser la transition du passe sanitaire au passe vaccinal, sous réserve de la validation ce vendredi du Conseil constitutionnel. L'adoption a été laborieuse, mais complète utilement l'arsenal de lutte contre la maladie en plein pic de cinquième vague Omicron, les études récentes confirmant une nette diminution des formes graves et des hospitalisations en cas de rappel vaccinal. Bien joué ! Même si, dans le contexte actuel, il aurait peut-être été plus lisible, comme le proposait l'Académie de Médecine et à l'instar de certains pays européens, d'oser une obligation vaccinale pure et simple…

Au même moment, la France paraît par ailleurs hésiter sur les mesures de prévention à adopter face à un variant omniprésent parce qu'extrêmement contagieux en dépit de l'immunité acquise par une grande partie de la population. En ce début de campagne présidentielle, pas question de renouer dans l'Hexagone avec des politiques de confinement comme l'ont fait certains États de l'Union Européenne (Autriche, Pays-Bas). Et - même si ce virus paraît décidément moins méchant que les précédents - pas possible non plus d'afficher une doctrine du laisser-faire qui risquerait de s'avérer délétère pour des hôpitaux sous tension.

Voilà donc les pouvoirs publics contraints d'inventer des chemins de traverse à rebours du fameux « tester-tracer-isoler » qui fut la bible de ces derniers mois. Pas trop le choix. L'application des normes strictes de quarantaine et d'isolement échafaudées en début de crise risquait, dans le contexte actuel, de paralyser le pays. Il n'est pas dit pourtant que les aménagements opérés fin décembre en matière de protocole sanitaire en cas de contagion soient si aisément assimilables par la population. Plus récemment, à l'école, il a fallu corriger la copie trois jours après leur annonce. Et en entreprise, le régime de sanctions des employeurs pour défaut de télétravail a été plusieurs fois revu et corrigé. La justice s'en est aussi mêlée, rendant illisible la réglementation sur le port du masque en extérieur dans certaines communes… Et pour ne rien arranger, des ruptures de stocks ont perturbé l'accès aux tests les semaines passées. En première ligne, une fois de plus, les professionnels de santé doivent faire comprendre la nouvelle donne à leurs patients. Pas si facile.

Exergue : Dans le contexte actuel, il aurait peut-être été plus lisible, comme le propose l'Académie de Médecine de décréter l'obligation vaccinale

Jean Paillard

Source : Le Quotidien du médecin