Qui est Brigitte Bourguignon ? Ce que vous ne savez (peut-être) pas de la nouvelle ministre de la Santé

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Publié le 28/05/2022

Qui est la nouvelle ministre de la Santé et de la Prévention nommée par Élisabeth Borne en remplacement d’Olivier Véran ? Quel est son parcours et quelles sont ses convictions ? « Le Quotidien » revient sur les petits et grands évènements qui ont émaillé la vie publique de Brigitte Jeannine Évelyne Bourguignon.

Brigitte Bourguignon, nouvelle ministre de la Santé et de la Prévention

Brigitte Bourguignon, nouvelle ministre de la Santé et de la Prévention
Crédit photo : AFP

Secrétaire médicale, veuve à 36 ans
Brigitte BourguignonSecrétaire médicale de formation, Brigitte Bourguignon n’est pas « bardée de diplômes » comme elle le rappelle elle-même. Âgée de 63 ans, issue d’un milieu social modeste (son père était chaudronnier, sa mère travaillait à la marée de Boulogne-sur-Mer), la nouvelle ministre a acquis son expérience sur le terrain en gravissant les échelons un à un et en faisant de la politique sociale sa spécialité. D’abord employée au Centre communal d’action sociale de Boulogne-sur-Mer, elle deviendra adjointe au maire, chargée de la santé, de la petite enfance et de l'accessibilité de la ville aux personnes handicapées de 2001 à 2014. En 2003, elle fonde Les paniers de la mer 62, une association de réinsertion qui exploite les invendus de la criée boulonnaise au profit des associations caritatives. Sa vie personnelle est marquée par le décès de son mari en 1995. Alors âgée de 36 ans, elle est seule pour élever ses trois enfants (devenus assistante sociale, éducatrice et éducateur spécialisé). Encartée au PS depuis l’âge de 28 ans, elle est élue députée de la sixième circonscription du Pas-de-Calais en 2012. Après avoir soutenu Benoît Hamon lors de la présidentielle de 2017, elle se rallie au parti d’Emmanuel Macron entre les deux tours des élections législatives et conserve son siège de députée sous l’étiquette de La République en Marche. « Le progrès social et les valeurs humanistes ont toujours été la boussole de mon action sur le terrain », assure Brigitte Bourguignon à ceux qui l’accusent de renier ses convictions.

Une maison et quelques milliers d’euros
Brigitte BourguignonLa haute autorité pour la transparence de la vie publique n’a pas encore rendu publique la déclaration de patrimoine de Brigitte Bourguignon. Mais cette dernière avait déjà transmis ces informations lorsqu’elle avait été élue députée et lors de sa nomination au poste de ministre déléguée chargée de l’autonomie en 2020. À cette époque, son patrimoine foncier se résumait à une maison achetée à crédit en 2018 à Desvres (Pas-de-Calais) pour 145 000 euros. La ministre possédait un Plan d’épargne en actions de 1 024 euros, deux assurances vie (pour un montant total de 2 720 euros) et un livret d’épargne de 486 euros. Son salaire mensuel de ministre devrait tourner autour de 10 000 euros bruts.

Recalée au perchoir et à LREM
Brigitte BourguignonCandidate à la présidence de l’Assemblée nationale en 2017, Brigitte Bourguignon a été battue par François de Rugy. « Mon nom a circulé, je n’étais pas demandeuse mais je pense que ma candidature a du sens, car je viens d’un département où quatre députés FN ont été élus », avait plaidé la nouvelle ministre de la Santé. Elle se consolera en prenant la tête de la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale. En septembre 2018, elle se porte candidate à la présidence du groupe LREM. Nouvel échec. Elle est éliminée au premier tour de scrutin, arrivant en 5e position sur sept candidats. En juin 2020, elle est désignée pour diriger la commission d’enquête sur la crise sanitaire liée à l'épidémie de Covid. « Il ne s’agit en aucune manière de se muer en enquêteur de police, avait alors expliqué Brigitte Bourguignon. Nous sommes là pour éclairer la représentation nationale, pas pour alimenter un feuilleton télévisé. »

Euthanasie : « Pour que les médecins ne soient plus punis »
Brigitte BourguignonC’est l’un des combats auquel elle tient le plus. Brigitte Bourguignon a milité pour défendre l’exception de l’euthanasie, « dans des cas extrêmes, comme cela se fait en Belgique. Pour que les médecins ne soient plus punis », expliquait-elle en 2018, après le décès de Marie Humbert, dont elle était très proche. « Marie et moi, ce sont de grands souvenirs. [...] Nous avions une énorme complicité. Elle logeait chez moi, on allait faire des conférences dans toute la France », confiait la nouvelle ministre de la Santé. Aidé par un médecin du centre de Berck-sur-Mer, le Dr  Frédéric ChaussoyMarie Humbert avait provoqué en 2003 le décès de son fils Vincent, devenu tétraplégique, sourd et muet après un accident de la route intervenu trois ans plus tôt. Très médiatisée, l’affaire avait relancé le débat sur le droit à mourir, le jeune Vincent ayant exprimé son souhait de mettre fin à sa vie.

Menacée de mort par guillotine, d’amputation par les Gilets jaunes
Brigitte Bourguignon« Je n'accepterai jamais d'exercer mon mandat sous les pressions et les menaces de qui que ce soit. » En juillet 2017, Brigitte Bourguignon dénonce devant les députés les menaces de mort par guillotine dont elle fait l’objet suite au débat sur le projet de loi sur la réforme du Code du travail qui s’est tenu au sein de la commission des affaires sociales qu’elle préside alors. « Je ne cesse de recevoir, via les réseaux sociaux, des insultes, un tantinet sexistes parfois, et même des menaces de mort par guillotine, instrument barbare que je croyais pourtant banni. Ce n'est pas ma conception du débat démocratique », explique la nouvelle ministre, applaudie par les députés y compris de la part de la France insoumise, très critique sur ce projet.
En 2019, elle est de nouveau menacée, elle et ses proches, dans un courrier anonyme, envoyé par « Les vengeurs des Gilets jaunes » qui lui promettent une amputation ou un œil crevé en lui conseillant de quitter LREM pendant qu’il en est encore temps. « Je l’ai reçu à ma permanence parlementaire, à Desvres. C’est une lettre qui ne me fait pas peur mais qui me met en colère », s’indigne à l’époque la députée dans un climat délétère où politiques, journalistes et policiers sont régulièrement pris à partie.
Rebelotte en 2020. En plein débat sur la réforme des retraites, elle est la cible de nouvelles insultes. « Quand pour simplement présider une commission, donc organiser des débats en faisant respecter le règlement et les temps de parole de tous les groupes, cela vous occasionne de recevoir des tombereaux d’insultes, des menaces de mort ou de violence sur ma page Facebook, je préfère couper court », explique-t-elle après avoir suspendu sa page Facebook.

Coercition à l’installation : elle n’y croit pas
Brigitte Bourguignon« Je ne crois pas du tout au coercitif. Je comprends tout à fait qu’on puisse parler de bagne quand on oblige un jeune à s’installer là où il n’a pas envie d’aller ! » Voilà ce que Brigitte Bourguignon déclarait en 2016 alors qu’elle interpellait les étudiants en médecine à la sortie de la faculté de Lille pour les inciter à rejoindre son territoire du Pas-de-Calais touché par la désertification médicale (lire cet article sur l’opération « We want you ! »). Depuis, elle ne semble pas avoir changé d’avis. En octobre 2021, en plein débat sur le projet de financement de la Sécurité sociale, elle s’oppose aux amendements visant à instaurer des mesures de conventionnement sélectif ou différencié. « Elles n’ont pas fonctionné, par exemple en Allemagne. Certains effets de bord ont été constatés, avec des praticiens allant s’installer dans des zones intermédiaires pour éviter un déconventionnement. Tenons donc compte de ces échecs : on peut avoir toutes les bonnes idées du monde et s’apercevoir qu’elles ne sont pas bonnes une fois qu’on passe à l’acte », expliquait la ministre. Reste à savoir si elle continuera à défendre ce point de vue alors qu’Emmanuel Macron a ouvert la porte au conventionnement sélectif dans les zones surdenses. « Ce vers quoi je souhaite qu'on avance c'est de stopper les conventionnements dans les zones qu'on considère comme déjà bien dotées », avait avancé le président lors de la campagne.

Emmurée par les cheminots
Brigitte BourguignonComme d’autres députés, Brigitte Bourguignon a été prise à partie en 2018 par les cheminots en grève pour protester contre la réforme de la SNCF. Un matin du mois de juin, la Boulonnaise retrouve sa permanence de Desvres murée avec un message écrit à la peinture blanche : « Pacte ferroviaire, mort de la SNCF et des cheminots. »

Permanence B. Bourguignon


Réélue députée en 2021, de nouveau candidate en 2022
Brigitte BourguignonBrigitte Bourguignon enchaîne les campagnes électorales. Candidate en juin prochain aux législatives dans sa sixième circonscription du Pas-de-Calais, la nouvelle ministre de la Santé avait déjà été amenée à faire campagne l’année dernière. La faute à son suppléant de l’époque, Ludovic Loquet, qui avait refusé de prendre sa place de députée à l’Assemblée nationale après qu'elle eut été nommée au ministère chargé de l’Autonomie. Cet épisode avait d’ailleurs rendu furax la Boulonnaise qui avait accusé le maire d’Ardres de ne pas respecter ses engagements. « Il était sur le tract avec moi quand on a fait campagne en 2017. Les choses étaient claires. On en avait discuté. Il savait qu’il serait devenu député dans le cas qui se présente aujourd’hui. Je n’aime pas qu’on détourne ainsi un scrutin. C’est du gâchis et ce n’est pas respectueux vis-à-vis des électeurs », avait expliqué Brigitte Bourguignon. Celle-ci n’avait cependant pas hésité à se soumettre au choix des urnes, sachant qu’elle risquait de perdre son ministère en cas d’échec. Elle l’emportera finalement avec 62 % des voix face à la candidate du Rassemblement national, Marie-Christine Bourgeois.


Source : lequotidiendumedecin.fr