Qui pique ?

« La grippe va faire très mal ! » Depuis la semaine dernière, la campagne gouvernementale alerte à l’envie sur la prochaine épidémie pour convaincre vos patients de se faire vacciner. Le ton est incisif, le visuel décapant, avec en anti héros un virus personnifié et vicelard. Cela suffira-t-il à persuader les récalcitrants ? Voire. En la matière, on part d’assez bas. Les mauvais taux de couverture observés – autour de 45 % sur les publics cibles — sont un caillou dans la chaussure d’Agnès Buzyn. Pour renverser la situation et parvenir à l’objectif de 75 % poursuivi par les experts, il y a du chemin à faire. Ce n’est pourtant pas faute d’avoir tenté d’infléchir les pratiques. On a d’abord fait rentrer la grippe dans la ROSP (Rémunération sur Objectif de Santé Publique) des médecins généralistes. Sans résultats fracassants, même si l’indicateur a légèrement progressé l’an passé. On a ensuite multiplié les professionnels habilités. Après les infirmiers depuis 2008, les officines ont été mises à contribution. Au début, les syndicats de médecins libéraux ont fait la grimace (ce n’était pas la première fois si l’on se souvient des vaccinodromes de Roselyne Bachelot…). Mais l’enthousiasme des pharmaciens a été plus fort. Et les expérimentations furent un succès. Nouvelle Aquitaine et Auvergne-Rhône Alpes se sont prévalues la première année de quatre fois plus de personnes vaccinées en pharmacie que prévues, et cela a motivé l’extension du dispositif à deux autres régions. Les grincheux feront remarquer qu’en termes de couverture vaccinale globale, le bilan est plus mitigé. Les autorités n’en ont cure, puisque, cette année, elles mobilisent France entière les croix vertes, autorisant de surcroît les pharmaciens à accepter – comme les infirmiers depuis un an — les primo-vaccinants. Le pari est ambitieux. C’est seulement à l’issue de la saison grippale que l’on saura s'il est gagné… Ou s’il faut chercher ailleurs les raisons de la contre-performance française.