Dialyse et financement de l’EPO

Réintégration prématurée dans les tarifs, selon l’IGAS

Publié le 21/09/2010
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Crédit photo : S. Toubon/« le Quotidien »

L’IGAS (Inspection générale des affaires sociales), chargée par le ministère de la Santé d’évaluer la pertinence d’une intégration, dès 2011, du montant des agents stimulant l’érythropoïèse dans les tarifs de dialyse, conclut que l’affaire est techniquement possible, mais prématurée. Le rapport, remis cet été à Roselyne Bachelot, circule depuis quelques jours auprès des professionnels concernés. Qui accueillent la nouvelle avec soulagement. « Si le ministère de la Santé décide de suivre les recommandations de l’IGAS, ce serait une victoire pour les patients et les spécialistes », se félicite le Dr Jean-Paul Ortiz, président du syndicat des néphrologues libéraux.

La piste d’une réintégration de l’érythropoïétine (EPO) au sein des tarifs hospitaliers, évoquée par les pouvoirs publics en début d’année, s’était traduite par une levée de boucliers immédiate. Huit à neuf dialysés sur dix reçoivent de l’EPO, à raison de 14 euros la séance. Les dépenses annuelles en EPO, une molécule inscrite sur la liste en sus, et donc remboursée à l’euro l’euro, sont de 70 millions d’euros. L’assurance-maladie y voyait un gisement d’économie possible, mais l’IGAS appelle à la prudence. Non seulement « les bénéfices globaux que l’assurance-maladie pourrait attendre d’une telle mesure sont plus qu’incertains », mais la mesure pourrait avoir une incidence regrettable sur les pratiques et la qualité des soins, en incitant à utiliser des biosimilaires, moins chers, mais sur lesquels on dispose de « peu de recul ». Les professionnels « craignent l’existence d’effets indésirables », font remarquer les trois inspecteurs généraux auteurs du rapport.

Il s’agit à présent de savoir l’arbitrage qui sera pris en la matière. Le Dr Ortiz se veut résolument optimiste : « L’EPO va sans doute rester hors du forfait dialyse – on imagine mal le ministère de la Santé en décider autrement. On s’oriente vraisemblablement vers un réajustement à la baisse du prix de ce médicament, ce qui me va très bien, car cela allie sécurité des soins et impératif économique. »

DELPHINE CHARDON

Source : Le Quotidien du Médecin: 8819