Entretien

Sandrine Hurel : « Le statu quo n’est plus tenable »

Publié le 20/04/2015
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LE QUOTIDIEN : Quel est le constat qui a poussé le Premier ministre et la ministre de la santé à vous confier cette mission ?

SANDRINE HUREL : Un constat très simple : celui d’une baisse régulière de la couverture vaccinale dans la population depuis quelques années. Les Français sont de plus en plus nombreux à non seulement négliger le suivi de leurs vaccinations, mais aussi à douter de l’utilité, voire de la sécurité des vaccins. Les freins sont donc pratiques, économiques, et culturels. Cette baisse est préoccupante pour la santé individuelle de chacun, mais plus encore pour notre immunité collective.

Notre politique vaccinale manque aujourd’hui de lisibilité pour la plupart des Français. Il est vrai que la double approche recommandation/obligation semble de moins en moins adaptée. Ma mission consiste principalement à analyser et envisager l’évolution de cette approche. Ma certitude est que le statu quo n’est plus tenable. Enfin, il nous faut aussi progresser dans la communication, ou plutôt la pédagogie sur les vaccins et les maladies graves contre lesquelles ils nous protègent, pour réactiver une prise de conscience du grand public sur leur bénéfice.

Comment doivent se dérouler vos travaux ?

Sur un sujet aussi vaste que celui des vaccinations je souhaite multiplier les auditions. J’achève ces jours-ci mon tour d’horizon institutionnel (HAS, HCSP, CNAMTS, InVS, différents ordres et académies, etc.). Je rencontrerai aux mois de mai et juin plusieurs syndicats de professionnels de santé, des acteurs de terrain, notamment dans les PMI et les ARS, ainsi que des associations de patients. Je me rendrai également à l’étranger, probablement en Italie et en Grande-Bretagne afin de comparer les systèmes vaccinaux de nos voisins. La mission durera 6 mois. Je remettrai donc mes conclusions au Premier ministre à la rentrée.

Qu’attendez-vous de ces auditions ? Sans préjuger du contenu, vos conclusions prendront-elles la forme de recommandations ?

Je cherche avant tout des réponses franches et précises. De nombreux rapports et études de qualité ont depuis longtemps bien cerné un certain nombre de constats et d’analyses. Ma mission vise à les réunir et à faire des propositions que je souhaite les plus concrètes et les plus opérationnelles possible. Ce rapport ne doit pas devenir un document parmi d’autres. Je souhaite qu’il serve de base à une véritable évolution de notre politique vaccinale.

Propos recueillis par Damien Coulomb

Source : Le Quotidien du Médecin: 9405