Offre de soins dans les quartiers populaires

À Strasbourg, les maisons urbaines de santé défendent leur modèle

Publié le 22/01/2015
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Financées de manière expérimentale jusqu’au 31 décembre dernier, les maisons de santé éligibles aux nouveaux modes de rémunération (NMR, soit 50 000 euros en moyenne par an et par structure) peuvent espérer la prolongation de ces dotations en 2015.

C’est du moins l’espoir du Dr Didier Ménard, président de l’association communautaire santé bien être (ACSBE), à Saint-Denis, qui vient d’être à l’initiative des troisièmes rencontres nationales des maisons et pôles de santé en quartier populaire, réunies à Strasbourg.

Ce colloque a été l’occasion de montrer la pertinence du modèle des maisons urbaines de santé et d’illustrer la dynamique locale dans ce domaine.

Les maisons médicales installées dans les quartiers populaires ont mis en avant leur rôle social, notamment auprès de nombreux jeunes en perte de repères. Ces maisons de santé urbaines sont en effet « ouvertes » sur leur territoire de santé et développent des passerelles et coopérations avec les autres institutions. « Nous ne sommes pas des éducateurs, mais nous devons contribuer au renforcement du lien social », ont souligné leurs médecins.

En outre, les maisons de santé situées dans les zones fragiles constituent une alternative démontrée à la crise démographique dans un contexte où les jeunes médecins boudent le modèle ancien du praticien isolé uniquement payé à l’acte.

Quant à l’intérêt économique des maisons de santé, des travaux 2013 de l’IRDES (Institut de recherche et documentation en économie de la santé) ont calculé que, lorsque l’assurance-maladie alloue une dotation de 50 000 euros à une équipe, l’économie annuelle peut atteindre 150 000 euros (le travail de coordination libérale réduisant les prescriptions et le recours aux spécialistes).

Floraison tardive

Fortement encouragées par la municipalité strasbourgeoise, plusieurs maisons de santé viennent d’ouvrir ou sont en projet dans la ville, jusque-là plutôt en retard.

La maison de santé du Neuhof, ouverte en 2010, réunit cinq médecins, deux infirmières, trois kinés, un laboratoire et deux orthophonistes, plus une microstructure pour la prise en charge des toxicomanes et un point d’accueil jeunes. Elle réalise 20 000 actes médicaux par an. En 2014, deux nouvelles maisons de santé ont fleuri dans d’autres quartiers, à la cité de l’Ill d’abord, à partir d’une mise en commun de cabinets existants, puis récemment à Hautepierre. Plusieurs autres maisons sont en projet, dont trois ouvriront prochainement.

Le Dr Alexandre Feltz, généraliste et adjoint au maire de Strasbourg chargé de la santé, précise que 60 % des médecins des quartiers populaires ont plus de 55 ans, secteurs qui comptent jusqu’à six fois moins de médecins que le centre-ville. Il est donc indispensable à ses yeux de multiplier ces structures au cœur des quartiers, y compris pour redonner du temps médical à la profession. « Les généralistes français, beaucoup trop seuls, doivent garder leur temps pour des activités médicales et non pour les tâches sociales ou administratives qui peuvent être exercées par d’autres ».

De notre correspondant Denis Durand de Bousingen

Source : Le Quotidien du Médecin: 9380