En pleine polémique sur les réseaux mutualistes

Trois médecins veulent créer une complémentaire santé

Publié le 05/12/2012
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Alors que la proposition de loi controversée sur les réseaux de soins mutualistes est examinée par le Parlement, deux anesthésistes-réanimateurs et un chirurgien plasticien libéraux parisiens se lancent dans la création d’une complémentaire santé. Son nom : la Mutuelle libre - assurance santé. Relayée sur www.mutuellelibre.fr, cette société d’assurance qui se dit « vertueuse », « novatrice » et « transparente » aurait pour actionnaires des médecins et des professionnels de santé. « Nous voulons créer une complémentaire santé solidaire qui replace les soignants et les soignés au cœur du système, indique le Dr François Masson, anesthésiste cofondateur et membre de l’Union française pour une médecine libre (UFML, qui ne revendique pas la paternité du projet). Pour être viable, nous devons lever trois millions d’euros de fonds et soumettre notre dossier à l’Autorité de contrôle prudentiel », organe qui supervise en France les secteurs de la banque et de l’assurance. « On en est encore loin », admet le médecin.

Les fondateurs comptent sur leur réseau pour faire connaître la société. « Il n’y aura aucune publicité et de 12 % à 15 % des cotisations serviront à assurer les frais de gestion », assure le Dr Masson, qui pense que ceux des mutuelles atteignent 24 % (Marisol Touraine a récemment estimé que les frais de gestion des mutuelles représentaient environ 20 % des cotisations payées par les patients, NDLR). Quelque 500 professionnels de santé (médecins, paramédicaux, opticiens) se seraient déjà engagés, investissant entre un euro et 10 000 euros. Le projet bénéficierait du soutien financier d’un « gros fonds », une structure financière existante qui préfère taire son nom, assure le Dr Masson.

Confusion des genres.

Faisant judicieusement écho à l’actualité mutualiste, « La Mutuelle libre - assurance santé » entretient une part de confusion sur un projet qui, malgré les apparences, « n’est pas une mutuelle », comme le reconnaît le Dr Masson. Société non lucrative, une mutuelle appartient à ses assurés et applique un principe de solidarité qui peut faire évoluer garanties et tarifs si la situation financière le nécessite. Une compagnie d’assurance, elle, appartient à des actionnaires. De nature commerciale, sa vocation première est d’engranger des bénéfices. « Les mutuelles sont certes à but non lucratif mais elles n’ont pas l’obligation de publier leurs comptes, rappelle le Dr Masson. Nous, nous serons transparents et le profit sera limité par un plafond encore à définir. Et s’il y a du bénéfice, nous le réinvestirons ». Les assurés verront-ils d’un bon œil ces médecins actionnaires de leur santé ? Contacté par le Quotidien, l’Ordre des médecins a préféré ne pas se prononcer pour l’instant sur cette initiative.

 ANNE BAYLE-INIGUEZ

Source : Le Quotidien du Médecin: 9201