Trois questions à la ministre de la Santé

Publié le 30/09/2010
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Crédit photo : S. TOUBON

LE QUOTIDIEN - Dans ce troisième rapport d’étape du comité national de suivi pour la radiothérapie, il est indiqué que sur les 32 mesures destinées à garantir la sécurité et la qualité des traitements, 27 sont tenues et 5 en cours. Après les accidents d’Épinal et de Toulouse, est-on sûr de ne plus jamais revivre une telle crise ?

ROSELYNE BACHELOT - Après les terribles accidents d’Épinal et de Toulouse, en 2007, j’ai immédiatement pris des mesures pour que ne se renouvellent pas de pareils drames. Effectivement, sur les 32 mesures nationales de radiothérapie, 27 sont terminées et 5 sont en cours. Ces 5 mesures ont été relayées dans le cadre de la mesure 22 du plan Cancer 2009-2013 relative à la radiothérapie. Ainsi en est-il de la poursuite de l’augmentation des effectifs de radiothérapeutes, de la mise en place effective de qualiticiens dans les centres de radiothérapie grâce à un financement dédié de la direction générale de l’Offre de soins (DGOS) ou du renforcement du système de vigilance en radiothérapie, qui a permis le signalement de 222 événements significatifs en 2009 dont 210 à un niveau qui n’a pas entraîné une altération de la qualité de vie du patient. La réalisation de ces actions est strictement suivie par le comité de pilotage des mesures nationales de radiothérapie, qui me remet un rapport tous les six mois et par le comité de pilotage du plan Cancer, qui remet également un rapport détaillé au président de la République tous les six mois*. Vous le voyez, le ministère de la Santé, l’Institut national du cancer et tous les acteurs concernés sont engagés dans une réelle politique d’amélioration de la qualité et de la sécurité des soins.

L’Autorité de sûreté nucléaire, en charge des contrôles des services de radiothérapie, note des progrès notables en matière de sécurité des traitements. Mais elle pointe encore le manque de personnes spécialisées en radiophysique médicale. Où en est-on aujourd’hui et n’aurait-on pas pu anticiper cette pénurie, évaluée entre 5 à 10 ans ?

L’augmentation du nombre de radiophysiciens en formation a été l’une de mes priorités parmi les 32 mesures nationales de radiothérapie. Les effectifs d’étudiants radiophysiciens ne cessent de progresser : 107 étudiants ont été admissibles au concours d’entrée 2010 et 99 étudiants vont entrer en formation du diplôme de qualification en physique radiologique et médicale (DQPRM) en septembre 2010, soit un doublement des effectifs d’étudiants en formation depuis 2007. Depuis 2006, le nombre de radiophysiciens en exercice a augmenté de 33 %. Ce nombre était de 448 équivalents temps plein début 2010. L’objectif de 600 professionnels en exercice en 2011 devrait donc être quasiment atteint.

Alors que la mise en conformité des centres de radiothérapie doit être effective au plus tard en 2011, doit-on craindre encore des fermetures ? Que répondre aux patients qui, comme à Guéret, dans la Creuse, doivent faire une centaine de kilomètres pour suivre un traitement de radiothérapie ?

Les critères d’activité et les critères qualitatifs ont été définis par l’Institut national du cancer et par l’Autorité de sûreté nucléaire dans un but de qualité de soins et de sécurité des pratiques. Ils ont été repris dans une réglementation (décrets et arrêtés de mars 2007). L’application de ces décrets ne se fait pas brutalement, elle est accompagnée. Ainsi, après la délivrance des autorisations à 176 centres de radiothérapie, une check-list a-t-elle été mise à la disposition des centres en juin 2010 pour leur permettre de s’auto-évaluer, d’identifier et d’anticiper les éventuelles difficultés et de les aider à préparer leur visite de conformité d’ici 2011. Pour la dizaine de centres qui devront bénéficier en priorité de cette aide, comme cela a été le cas pour les seuls 4 centres non autorisés, la prise en charge des patients devra être repensée et réorganisée dans le cadre d’amélioration de la filière. Je veux le rappeler, la France n’est pas à la traîne. Il existe dans notre pays 2,7 centres de radiothérapie pour 1 000 000 habitants, ce qui place la France en deuxième position en Europe après l’Allemagne pour le nombre d’installations par habitant.

* www.sante-sports.gouv.fr/plan-cancer-2009-2013-rapport-d-etape-au-presi…

LA FRANCE N’EST PAS À LA TRAÎNE

PROPOS RECUEILLIS PAR STÉPHANIE HASENDAHL

Source : Le Quotidien du Médecin: 8826