Troisième dose de vaccin Covid : quels pays ont pris la décision ?

Publié le 03/08/2021

Crédit photo : VOISIN/PHANIE

Face au variant Delta, les pays occidentaux s'efforcent de vacciner un maximum de leur population avec deux doses contre le Covid-19. Certains pays ont aussi commencé à proposer une nouvelle dose de rappel de vaccin. Mais dans d'autres, la question de la troisième dose fait encore débat.

Israël ouvre la voie pour les plus de 60 ans

Israël, premier pays à vacciner largement sa population en décembre s'est, une nouvelle fois, montré pionnier en lançant vendredi une campagne pour une troisième dose pour les plus de 60 ans. Le nouveau président Isaac Herzog a montré l'exemple en se faisant administrer en premier une troisième dose du vaccin Pfizer/BioNTech.

La campagne initiale avait permis de faire reculer le nombre quotidien de cas d'environ 10 000 à moins d'une centaine, de déconfiner l'économie et de rouvrir en partie ses frontières. Mais ces dernières semaines, le nombre de contaminations, puis d'hospitalisations, est reparti à la hausse avec la propagation du variant Delta chez des adultes non vaccinés mais aussi chez des personnes vaccinées il y a plus de six mois. Israël administrait déjà, depuis mi-juillet, une troisième dose de vaccins anticoronavirus à des patients dotés d'un faible système immunitaire sur fond de hausse des cas de Covid liée à la propagation du variant Delta.

Nouvelle accélération jeudi : le Premier ministre, Naftali Bennett, a annoncé une campagne autorisant l'administration d'une troisième dose aux personnes âgées de plus de 60 ans. "Israël est un pionnier en allant de l'avant avec une troisième dose de vaccin pour les personnes âgées de 60 ans et plus", a déclaré vendredi M. Bennett qui accompagnait le président. Benjamin Netanyahu, désormais chef de l'opposition, a lui aussi reçu une 3e dose.

Selon le laboratoire Pfizer, qui produit le vaccin majoritairement utilisé en Israël, "de nouvelles études montrent qu'une troisième dose a des effets neutralisants contre le variant Delta (qui sont) plus de cinq fois plus élevés chez les jeunes et plus de 11 fois chez les personnes plus âgées".

Aux États-Unis, le débat n'est pas tranché

Mais l'Autorité américaine des médicaments (FDA), dont Israël suit en général les recommandations, n'a pas donné son feu vert à l'administration d'une troisième dose pour les personnes âgées. "Je crois que nous aurions pu attendre l'approbation de la FDA car je crains que, sans cette approbation, il y ait une réduction de confiance du public", a déclaré Hagai Levine, épidémiologiste et chercheur en santé publique à l'Université hébraïque, qui juge néanmoins la décision du gouvernement "raisonnable" compte tenu de la contagiosité du variant Delta.

L'Allemagne dès le 1er septembre pour les personnes âgées

Pour l'heure, la décision Israélienne a néanmoins fait des émules. L'Allemagne a annoncé lundi qu'elle va proposer dès le 1er septembre l'administration d'une dose de rappel aux populations âgées et vulnérables. Cette décision est "dans l'intérêt des soins de santé préventifs", a souligné le ministère de la Santé. Bien que l'Allemagne présente actuellement un taux de contamination inférieur à celui des pays voisins, les cas ont augmenté au cours des dernières semaines, laissant redouter une nouvelle vague épidémique.

"Les vaccinations de rappel seront réalisées avec l'un des deux vaccins à ARN messager (Pfizer-BioNTech ou Moderna, ndlr)", précise le ministère, qui explique s'appuyer sur des études récentes montrant que "la réponse immunitaire est réduite ou en déclin rapide après une vaccination complète contre le Covid-19" chez certaines populations, "en particulier pour les patients immunodéprimés ainsi que les personnes très âgées et celles nécessitant des soins".

À partir de septembre, ce rappel sera notamment proposé dans les maisons de retraite, les structures d'aide à l'insertion et autres hébergements accueillant des groupes vulnérables. Les médecins traitants seront invités à faire de même auprès de leurs patients immunodéprimés. La nouvelle injection interviendra "généralement au moins six mois" après la première vaccination complète, quel que soit le type de vaccin qui a été utilisé initialement. Un autre groupe se voit également recommander un rappel : ceux qui ont été vaccinés avec les vaccins d'AstraZeneca et Johnson & Johnson. Ils se verront proposer une dose supplémentaire d'un vaccin à ARN messager.

La Suède y songe pour "une grande partie de la population"

La Suède a elle aussi indiqué prévoir de proposer une dose de rappel de vaccin anti-Covid à "une grande partie de la population" en 2022, même si elle pourrait commencer par des populations vulnérables dès cet automne. "Notre évaluation est qu’il n’est pas possible d’éradiquer le virus et que le travail de vaccination devrait donc être à long terme et centré sur la réduction des maladies graves et de la mortalité", a souligné l'épidémiologiste en chef suédois Anders Tegnell. 

La décision finale n'est toutefois pas encore prise, a annoncé l'Agence de santé publique. Dans un premier temps, les résidents de maisons de retraite, les personnes âgées de plus de 80 ans et les personnes avec un système immunitaire très réduit seront prioritaires pour une dose de rappel, sans doute à l'automne. L'autorité sanitaire suédoise juge également "important que nous accordions une attention particulière à la vaccination des habitants dans les zones géographiques à faible couverture vaccinale".

L'OMS demeure prudente

Dans ce contexte, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a souligné qu'il était prioritaire d'aider les pays les plus en difficulté. "À ce stade, (...) tous les vaccins semblent avoir un bon impact contre les cas graves, les hospitalisations et les décès", a déclaré le docteur Bruce Aylward, chargé à l'OMS de superviser le système de distribution international Covax. La priorité reste donc "d'obtenir au moins deux doses de vaccin (...) notamment pour les travailleurs de la santé, les plus âgés et les personnes présentant des comorbidités" et d'atteindre l'objectif minimal de l'OMS d'au moins 10 % de la population de chaque pays vaccinés d'ici fin septembre, a-t-il ajouté.

En France, le Pr Fischer ne place pas encore la troisième dose parmi les priorités immédiates. Même s'il évoquait lundi la nécessité de sans doute la mettre en place à partir de la rentrée pour les plus vulnérables.


Source : lequotidiendumedecin.fr