Un budget de la Sécu « sans ambition politique pour le système de santé » : les piques du député de la Sarthe Jean-Carles Grelier

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Publié le 20/10/2021

Crédit photo : AFP

Rodé aux passes d'armes sur le projet de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), Jean-Carles Grelier (apparenté LR) s'apprête à batailler dans l'hémicycle sur le dernier budget du quinquennat, examiné en séance publique à partir de ce mercredi. Lors d'un débat organisé par le cabinet Nile consulting, le député de la Sarthe a déjà distribué les bons et surtout les mauvais points.

S'il salue l'effort particulier sur l'enveloppe hospitalière (3,7 milliards de crédits nouveaux l'an prochain) avec l'absence d'économies nouvelles réclamées à ce secteur, l'élu déplore à l'inverse le « mauvais signal envoyé à l'industrie du médicament » et surtout « l'absence de mesures fortes et structurelles pour la médecine libérale », alors que les problèmes d'accès aux soins dans les territoires ruraux restent entiers.

« En 2022, on n'aura toujours pas accès à la médecine générale dans mon département car les généralistes ne sont pas en nombre suffisant », illustre le député de la Sarthe. Les mêmes difficultés existent pour la médecine spécialisée libérale. « Il faut de neuf à douze mois pour une consultation en ophtalmologie, de neuf à douze mois pour la psychiatrie ou la cardiologie, se désole l'élu. Et sur les dix hôpitaux de la Sarthe, neuf ont fermé partiellement ou totalement les services d'urgences pendant l'été faute de personnel médical. » Le PLFSS ne serait donc pas à la hauteur des enjeux actuels en matière d'accès aux soins. 

Démédicalisation 

Jean-Carles Grelier compte alerter le gouvernement sur « la pénurie médicale durable ». « On ne s'en sortira que par une collaboration intelligente et souple entre les professionnels », ajoute-t-il. Pas question en revanche de valider des décisions de délégations « à la hussarde » comme l'accès direct aux orthoptistes« Cette mesure de démédicalisation risque de remettre en cause l’édifice de collaboration entre ophtalmologistes et orthoptistes, monté depuis une quinzaine d’années, et qui est une référence pour les autres spécialités », estime-t-il. 

Pas hostile sur le principe aux communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS), le député dit craindre néanmoins le développement de très gros groupements. « Dans mon département, on a fait une CPTS avec 380 professionnels de santé ! C'est une usine à gaz, dit-il. Je ne vois pas en quoi il y a un bénéfice pour les patients. »

À six mois de l'échéance présidentielle, le député déplore surtout que ce PLFSS ne porte pas « d'ambition politique pour le système de santé ». La question de la pérennité du financement de la santé est à ses yeux « un enjeu majeur d'avenir ». Le député plaide à nouveau pour une grande loi de programmation en santé, une de ses marottes. Las, selon Jean-Carles Grelier, cette thématique n'est pas encore au cœur de la bataille présidentielle et des propositions des candidats. « Je le regrette, conclut-il, car on a un choix de société à faire. »


Source : lequotidiendumedecin.fr