Machisme, manque de confraternité, opacité

Un généraliste poursuit sa croisade contre l'Ordre national des médecins

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Publié le 14/11/2016
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Inlassable procureur de l'institution ordinale, le Dr Bernard Coadou, généraliste girondin à la retraite, a adressé au Dr Patrick Bouet, président de conseil national de l'Ordre, une lettre ouverte dans laquelle il lui fait part de plusieurs griefs, et l'invite à un débat contradictoire public. 

Le Dr Coadou n'en est pas à son coup d'essai. Il est le fondateur du « mouvement médical d'insoumission ordinale partielle » (MIOP) dont la finalité est de s'élever contre les prises de position du CNOM, qualifié de « structure réactionnaire ». Le praticien retraité a également réussi, après un long bras de fer, à se faire exonérer du paiement de la cotisation ordinale.  

Le généraliste attaque dès le début de sa missive. La modernisation de l'institution ordinale, revendiquée par son président ? Il objecte que le bureau national du CNOM est aujourd'hui composé « à 94 % d'hommes » et le conseil national de « trois femmes pour 53 hommes » alors que la féminisation de la profession ne se dément pas (58 % des nouveaux inscrits sont des femmes). Une situation que le praticien juge « caricaturale et particulièrement inadaptée ».

Accès aux archives

Le Dr Coadou cible ensuite le président de l'Ordre national sur le thème de la confraternité, « pierre angulaire de la déontologie professionnelle ». Il regrette à ce titre que l'institution reste « silencieuse » quand l'Ordre de Gironde « attaque lamentablement notre consœur Irène Frachon » dans un éditorial. Ce dernier avait reproché à l'auteur de « Mediator 150 mg, combien de morts ? », d'avoir, dans une interview au journal « Le Monde », accusé les médecins de collusion avec l'industrie pharmaceutique et même de corruption. Curieusement, le Dr Coadou ne voit en revanche rien d'anticonfraternel au fait que le Dr Frachon accuse ses confrères de nombreux maux.

Le praticien accuse également l'Ordre girondin de lui refuser l'accès à ses archives « au mépris de nos lois républicaines ». Bernard Coadou évoque ici un procès-verbal (obtenu par voie détournée) des élections de février 2015 faisant état d'un taux d'abstention de 73 %. « Votre modernité est-elle disposée à développer de nouvelles pratiques plus conformes à nos valeurs fondamentales », demande-t-il au président de l'Ordre ?

Enfin, le Dr Coadou réclame des explications sur une enquête récente – menée par deux conseillers girondins – relative à « d'éventuelles malversations » dans le domaine de la permanence des soins. Ces derniers seraient persona non grata à l'Ordre départemental, « catalogués comme des individus nuisibles »

Au terme de sa diatribe, le Dr Coadou donne le choix au président Bouet entre deux attitudes : soit « le silence et l'indifférence », soit « accepter le débat » proposé sur le bilan de 76 années d'existence de l'Ordre. Contacté par « Le Quotidien », l'Ordre national des médecins n'a pas souhaité pour l'instant commenter ce courrier.

 

Henri de Saint Roman

Source : Le Quotidien du médecin: 9534