Un réseau d’hôpitaux américains autonome en énergie

Publié le 28/05/2015
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Crédit photo : Gundersen Health Systems

Le 14 octobre 2014, Gundersen Health System déclarait avoir, pour la première fois de son histoire, produit plus d’énergie qu’il n’en avait consommé. L’annonce a fait son petit effet dans le secteur hospitalier aux États-Unis. Il s’agissait d’une prouesse, et probablement d’une première mondiale, surtout pour une organisation de la taille de Gundersen. Loin d’être une petite maison de retraite perdue au fin fond du Midwest, l’organisation qui a réussi cette performance est en effet un réseau d’établissements employant près de 8 500 personnes travaillant sur trois États : le Wisconsin, l’Iowa et le Minnesota.

Un tel exploit ne peut être que l’aboutissement d’un long voyage, comme l’expliquait à la fin de l’année dernière Jeff Rich, le directeur de la filiale de Gundersen dédiée à l’énergie : « Nous avons fait un audit énergétique en février 2008, et il a révélé quelques opportunités frappantes en matière de réduction des coûts et de diminution de la consommation d’énergie. » Suivirent des années de travail et de réformes dans deux directions : l’amélioration de l’efficacité énergétique, d’une part, et, la production d’énergie renouvelable d’autre part.

Retour sur investissement

Le premier de ces deux objectifs est à la fois le moins spectaculaire et le plus facile à atteindre. À en croire Jeff Rich, tous les hôpitaux peuvent assez facilement réduire leur consommation d’énergie : Gundersen l’a faite chuter de 50 % depuis 2008. L’organisation dit économiser 1,2 million de dollars chaque année, pour un investissement initial et unique de 2 millions de dollars.

En revanche, la partie qui concerne la production d’énergie renouvelable est plus délicate : le retour sur investissement est beaucoup plus long, explique Jeff Rich. Comme en France, le marché de l’énergie n’est en effet pas libre : Gundersen doit vendre l’électricité qu’il produit sur le réseau à un prix déterminé, et est obligé de s’approvisionner à ce même réseau. Les changements potentiels dans la réglementation rendent la situation incertaine.

Vaches et biomasse

Cela n’a pas empêché Gundersen de se lancer dans une gargantuesque série d’investissements. Une partie des équipements qui ont ainsi vu le jour sont destinés à produire une électricité « verte » vendue sur le marché, et compensant la consommation des établissements sanitaires. L’organisme possède ainsi deux champs d’éoliennes, pour une production attendue de 5 mégawatts, soit assez pour alimenter 1 000 foyers, affirme-t-on du côté de Gundersen. Il a également établi un partenariat avec trois fermes bovines des environs. Le retraitement en énergie des déjections de leurs vaches compense à lui seul 14 % de la consommation d’énergies fossiles des établissements.

Gundersen possède également une usine de captation du méthane issu de la dégradation des déchets d’une décharge. Une partie de l’énergie ainsi produite est revendue sur le marché, mais une autre partie est directement utilisée sur les sites. Car les renouvelables ne sont pas uniquement dédiés à la compensation de la consommation fossile. Une grande partie des besoins en chauffage des établissements sont ainsi directement couverts par des installations maison : une chaudière alimentée par biomasse, une pompe à chaleur construite sous un parking, des panneaux solaire pour produire de l’eau chaude…

Prosélytisme

Au final, l’autonomie énergétique telle que la conçoit Gundersen reste un combat : Jeff Rich reconnaît que si le 14 octobre a été le premier jour où son organisation a produit plus d’énergie qu’elle n’en a consommé, il y a eu depuis des jours où cela a été l’inverse. « Nous devons continuer à nous battre pour qu’un jour, l’autonomie énergétique ne soit pas comptée en jours, mais en années », explique-t-il.

En attendant, Gundersen fait des émules. L’organisation donne des conseils en matière d’énergie à plusieurs de ses homologues à travers les États-Unis, intéressés par les performances qu’elle a atteintes. « Nous pensons que c’est bon pour la santé, ça ne pollue ni l’eau ni l’air, c’est bon pour l’économie et cela permet de réduire la facture pour le patient », explique Jeff Rich. Que demander de plus ?

A. R.

Source : Le Quotidien du Médecin: 9415