De bons résultats obtenus chez le singe

Un vaccin anti-Chikungunya testé dans un à deux ans chez l’homme

Publié le 01/02/2010
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Crédit photo : AFP

DE NOTRE CORRESPONDANTE

LE VIRUS du Chikungunya (CHIKV), un alphavirus transmis à l’homme par des moustiques, a été décrit pour la première fois en Tanzanie en 1952. L’infection se manifeste par une polyarthrite aiguë fébrile, qui peut persister pendant des années dans 10 % des cas.

Depuis sa ré-émergence au Kenya en 2004 et l’apparition d’une souche épidémique à l’île de la Réunion en 2005, qui s’est propagée a plus de 18 pays, le CHIKV a infecté des millions de personnes en Afrique, en Asie et en Europe. La dissémination de cette souche épidémique est liée à des mutations génétiques qui lui ont permis d’avoir un nouveau vecteur moustique, Aedes albopictus, largement distribué et présent dans les régions tempérées (dont l’Italie et le sud de la France).

La sévérité de la maladie et la propagation de ce virus épidémique constituent une sérieuse menace de santé publique en l’absence de vaccin ou de thérapie antivirale.

« Nous avons élaboré un vaccin contre le virus Chikungunya à partir d’une pseudo-particule virale (virus-like particle ou VLP) qui imite le virus naturel mais ne peut pas causer d’infection », explique au « Quotidien » le Dr Gary Nabel, directeur du Centre de Recherche Vaccinale au National Institute of Health des États-Unis. « De tels vaccins VLP sont typiquement sûrs et efficaces chez les humains », souligne-t-il.

Production d’anticorps neutralisants.

Les pseudo-particules virales sont composées des protéines qui forment la capside et l’enveloppe du virus, sans l’ARN requis pour la réplication. Les chercheurs ont injecté le vaccin VLP à des macaques Rhésus, puis deux semaines après, ont exposé les animaux à une dose élevée du CHIKV. Les singes vaccinés avec ces VLP produisent des taux élevés d’anticorps neutralisants, et sont tous protégés contre l’apparition d’une virémie après exposition au virus du Chikungunya. Lorsque ces anticorps sont transférés à des souris immunodéficientes ensuite exposées à une dose létale du CHIKV, ces souris sont protégées contre l’infection, ce qui confirme le mécanisme humoral de protection.

De façon importante, le vaccin VLP induit des anticorps neutralisants contre les protéines d’enveloppe de diverses souches du CHIKV.

« Nous espérons débuter des essais cliniques d’ici un à deux ans, dès que nous serons capables de fabriquer un vaccin de " grade clinique " et que nous aurons l’autorisation d’effectuer des études chez l’homme », laisse entrevoir le Dr Gary Nabel.

Alphavirus.

Il existe déjà deux vaccins VLP autorisés par la FDA, l’un contre l’hépatite B, l’autre contre le papillomavirus humain. « Les pseudoparticules virales (VLP) représentent une approche sûre et efficace pour provoquer une immunité protectrice par vaccination. L’approche utilisée dans l’étude pourrait non seulement aider à protéger contre le virus Chikungunya mais pourrait aussi être appliquée à d’autres maladies causées par des alphavirus, telles les encéphalites équines occidentales et orientales trouvées aux États-Unis et la fièvre o’nyong-nyong en Afrique. Ceci permettra d’accentuer les efforts pour répondre à des menaces sanitaires globales. »

Nature Medicine, Akahata et coll., 28 janvier 2010, DOI: 10.1038/nm.2105

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 Dr VÉRONIQUE NGUYEN

Source : Le Quotidien du Médecin: 8699