Prévention des infections respiratoires dans les EHPA

Une couverture vaccinale dramatiquement faible

Publié le 01/02/2010
Article réservé aux abonnés
1276112385F_600x_124715_IMG_28258_1265086090449.jpg

1276112385F_600x_124715_IMG_28258_1265086090449.jpg
Crédit photo : S. Toubon/« le Quotidien »

LES INFECTIONS respiratoires aiguës basses constituent la première cause de mortalité d’origine infectieuse en établissement d’hébergement pour personnes âgées (EHPA) et la première cause infectieuse de transfert vers l’hôpital. Elles sont dix fois plus fréquentes en EHPA qu’en milieu communautaire chez les personnes de plus de 75 ans. Le risque d’infections invasives à pneumocoques ainsi que les épidémies y est plus élevé en raison de la vulnérabilité des résidents et la vie en collectivité. C’est pourquoi la vaccination antipneumococcique est fortement recommandée. Dans un avis du 19 mai 2006, le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) considérait « comme essentiel, même en dehors de tout risque pandémique grippal, un renforcement de la vaccination antipneumococcique chez les personnes ciblées par le calendrier vaccinal, de façon à prévenir les surinfections pneumococciques lors de la grippe ». En période de risque pandémique, l’augmentation précoce de la couverture vaccinale apparaît d’autant plus essentielle, surtout en amont de la pandémie.

Une étude inédite.

L’étude, réalisée dans deux régions du Centre-Est de la France (Bourgogne et Franche-Comté) et que publie le « Bulletin épidémiologique hebdomadaire », est la première à avoir évalué la couverture vaccinale chez les personnes âgées à risque vivant en institutions de soins. Ses résultats concordent avec les quelques travaux rapportés dans la littérature, qui montrent que, dans cette population, la couverture vaccinale est faible.

Entre janvier et avril 2009, Michel Tiv et col. ont enquêté auprès de 50 EHPA (maisons de retraite, foyers-logements et unités de soins longue durée), dans lesquels ont été tirés au sort 10 résidents à risque d’infection pneumococcique (sujets splénectomisés, drépanocytaires homozygotes, bêtathalassémiques, patients atteints de syndrome néphrotique, insuffisants respiratoires, alcooliques avec hépatopathie chronique, insuffisants cardiaques et les sujets ayant des antécédents d’infection pulmonaire ou invasive à pneumocoque). La moyenne d’âge des résidents était de 86 ans et trois quarts d’entre eux étaient des femmes.

Les raisons d’une non-vaccination.

La couverture vaccinale antitétanique chez les résidents à risque était de 27 %. Les raisons invoquées par les médecins traitants pour expliquer la non-vaccination antipneumococcique étaient principalement : patient non à risque (66 %), oubli (22 %), méconnaissance des recommandations (19 %), manque de temps (8 %) et méconnaissance du statut vaccinal des résidents (8 %). En dépit du caractère régional de cette étude, qui rend hasardeuse toute extrapolation nationale, les auteurs estiment que les résultats obtenus donnent « des indications de ce que pourrait être la situation ailleurs en France ». Ils soulignent la nécessité d’une « réelle sensibilisation des médecins et des équipes soignantes qui jouent un rôle central dans la prévention et la gestion du risque infectieux ».

D’une manière générale, une promotion de la politique vaccinale semble indispensable. En effet, l’étude a également mesuré la vaccination contre le tétanos dans cette population. Elle montre, là aussi, que les personnes âgées sont très mal vaccinées contre le tétanos avec une couverture vaccinale de 44 %. « La réalisation plus fréquente d’une vaccination bivalente grippe-tétanos chez les personnes âgées de plus de 65 ans lors des campagnes de vaccination contre la grippe pourrait être la solution », suggèrent les auteurs.

 Dr LYDIA ARCHIMÈDE

Source : Le Quotidien du Médecin: 8699