Une main artificielle contrôlée par le système nerveux

Publié le 13/05/2016
APL Main prothèse

APL Main prothèse
Crédit photo : APL (Youtube)

La poignée de main de Johnny Matheny est amicale et ferme. Mais ce n'est pas sa main qu'il présente à son interlocuteur : c'est une prothèse contrôlée par ses nerfs, conçue par les scientifiques du Darpa, la tête chercheuse technologique du Pentagone en lien avec le Laboratoire de Physique Appliquée de L’université Johns-Hopkins (JHU/APL), spécialisé dans la recherche militaire.

« Au début, il faut penser assez fort pour réussir chaque mouvement », explique Johnny Matheny démontrant sa maîtrise de la prothèse noire métallique, fermant et faisant tourner son poing dans un mouvement d'allure tout à fait naturelle. « Mais maintenant ça me vient naturellement, je n'ai pas même pas à y penser ».

 

L'alliance de plusieurs technologies de pointe

 

Il présentait hier, mercredi 11 mai, sa main artificielle dans la cour intérieure du Pentagone, où le Darpa (Agence américaine des projets de recherche avancés sur la défense) exposait ses recherches et expérimentations actuelles. La main artificielle de Johnny Matheny est une première car elle allie plusieurs technologies de pointe comme le détaille l'Université université Johns-Hopkins.

L'un des inconvénients majeurs des prothèses de membres supérieurs est la fixation. Les systèmes de ventouses et de sangles sont sources de désagréments pour les porteurs : transpiration, glissements, irritations, ampoules… Johnny Matheny a été opéré trois fois entre mars et juin 2015. Désormais, il porte une prothèse par ostéo-intégration. Sa prothèse s'accroche directement sur un socle métallique placé chirurgicalement sur l'os de son bras, sous le coude, là où il a été coupé.

 

Un prolongement quasi naturel du bras

 

Il est, par ailleurs, le premier patient a expérimenté la « targeted muscle reinnervation » (TMR) : une procédure chirurgicale pour rétablir les nerfs qui auparavant contrôlaient la main ou le bras. Grâce à la TMR, la prothèse devient le prolongement quasi naturel du corps. Johnny Matheny la contrôle via des capteurs reprenant les signaux des nerfs, qui autrefois allaient jusqu'à l'extrémité de ses doigts.

Enfin, la prothèse dont est dotée Johnny Matheny, la « Modular Prosthetic Limb » (MPL) est présentée par le JHU/APL comme la prothèse la plus perfectionnée : « capable d'effectuer la quasi-totalité des mouvements humains ». Elle est aussi pourvue d'une centaine de capteurs : sensoriels, de torsion, de température, de vitesse, de position et de force.

 

 

La recherche au service de l'Armée

 

La prothèse de Johnny Matheny est expérimentale, n'ayant pas encore reçu toutes les autorisations réglementaires.

Le département de la Défense américain a un intérêt évident à financer les recherches sur les prothèses : plus de 1 600 soldats américains ont été amputés pendant les guerres d'Irak et d'Afghanistan, souvent après avoir été touchés par des bombes artisanales placées le long des routes.

AFP et D. P.

Source : lequotidiendumedecin.fr