Allergies : des experts s’alarment de la progression du pollen d’ambroisie en Europe

Publié le 26/05/2015

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« Les concentrations dans l’air du pollen d’ambroisie à feuilles d’armoise, très allergisant, pourraient avoir quadruplé en Europe à l’horizon 2050 », concluent des chercheurs français du CNRS, du CEA, de l’INERIS et du RNSA en collaboration avec plusieurs instituts européens. Les estimations qu’ils publient dans « Nature Climate Change » sont alarmantes.

Pour aller plus loin que les précédentes études qui avaient déjà montré que l’ambroisie pouvait, à la faveur du réchauffement climatique, s’établir dans des régions où le climat ne lui était auparavant pas favorable, les auteurs de l’étude ont utilisé plusieurs types de modèles mathématiques. Les premiers ont permis de simuler le changement climatique en fonction de la quantité de gaz à effet de serre qui pourrait être émise dans les années à venir par les activités humaines. Les seconds ont aidé à modéliser l’invasion de la plante, la production et le relâchement des pollens, et leur dispersion dans l’air. Différents scénarios de diffusion des graines et de changement climatique ont pu être testés.

Deux tiers liés au réchauffement

L’étude coordonnée par Lynda Hanaoui-Laguel, chercheuse au laboratoire des Sciences du climat et de l’environnement (Gif-sur-Yvette) montre que des zones très peu touchées actuellement comme le nord de l’Europe, le nord de la France ou le sud de la Grande-Bretagne pourraient être fortement touchées. Introduite en Europe à la fin du XIXe siècle, Ambrosia artemisiifolia (également appelée « herbe à poux » au Canada) est déjà présente dans le centre et dans le sud de l’Europe, notamment en Italie du nord ainsi que dans un grand quart sud-est de la France.

L’étude réalisée dans le cadre du projet européen ATOPICA a aussi cherché à évaluer la responsabilité de différents facteurs dans la progression de l’ambroisie. Deux tiers de l’augmentation sont dus au changement climatique. Son effet se traduit principalement par l’augmentation de la production de pollen induite par l’augmentation du CO2, favorable au développement de la végétation.

Appel à une gestion européenne coordonnée

La dispersion des graines, qu’elle soit d’origine naturelle, avec l’eau de ruissellement et les cours d’eau, ou humaine, via le transport routier, les voies ferrées et les pratiques agricoles, est responsable d’un tiers de l’augmentation de la concentration du pollen.

Les chercheurs appellent à la mise en place d’une gestion coordonnée au niveau européen par un suivi sur le long terme des pollens et une cartographie de la présence de l’ambroisie. En France, des campagnes d’arrachage sont régulièrement organisées.

Dr Lydia Archimède

Source : lequotidiendumedecin.fr