BPCO : la dysanapsie, un trouble du développement des voies respiratoires, apparaît comme un facteur de risque majeur

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Publié le 09/06/2020
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Crédit photo : S.Toubon

Si le tabagisme est un facteur de risque majeur de bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO), un tiers des cas de BPCO surviennent chez des personnes n'ayant jamais fumé. Une étude parue dans le « JAMA » montre qu'un trouble du développement des voies aériennes appelé dysanapsie pourrait expliquer ces cas.

« En étudiant plus de 6 500 adultes aux États-Unis et au Canada, nous avons montré que la dysanapsie, mesurée par tomodensitométrie, était un facteur de risque majeur de BPCO, comparable au tabagisme », indique au « Quotidien » Benjamin Smith, pneumologue et premier auteur de l'étude.

Données issues de trois cohortes

Au cours du développement normal, les voies aériennes se développent de façon proportionnelle aux poumons. « La dysanapsie fait référence à un décalage entre la taille de l'arbre des voies respiratoires et celle des poumons, et on pense que ce décalage survient tôt dans la vie », explique Benjamin Smith.

L'étude du « JAMA » a collecté les données d'individus fumeurs et non fumeurs, présentant une BPCO ou non, issus de trois études : l'étude Multi-Ethnic Study of Atherosclerosis (MESA) Lung (2 531 participants, six sites américains, 2010-2018), la Canadian Cohort of Obstructive Lung Disease (CanCOLD, 1 272 participants, neuf sites canadiens, 2010-2018) et la Subpopulations and Intermediate Outcome Measures in COPD Study (SPIROMICS, 2 726 participants, 12 sites américains, 2011-2016).

Un arbre respiratoire plus développé, un facteur protecteur ?

L'analyse des images de tomodensitométrie de l'arbre respiratoire et des poumons des individus de ces cohortes a montré que les personnes ayant un arbre respiratoire de petite taille par rapport à la taille des poumons sont davantage associées à une fonction respiratoire plus faible et à un risque de BPCO plus élevé. Et ce indépendamment des autres facteurs de risque de la BPCO tels que le tabagisme ou l'asthme.

« Inversement, les gros fumeurs qui n'ont pas développé de BPCO avaient tendance à avoir un arbre des voies respiratoires plus grand proportionnellement à la taille des poumons », résume Benjamin Smith.

Les causes de la dysanapsie ne sont pas connues. Pour le premier auteur de l'étude, « comprendre la base biologique de la dysanapsie pourrait conduire à des interventions précoces pour promouvoir le développement de poumons sains ».


Source : lequotidiendumedecin.fr