BRCA1 et 2 : le risque de cancer évolue avec l'âge, les antécédents familiaux et la localisation de la mutation

Par
Publié le 21/06/2017
Article réservé aux abonnés
Heredite et cancer du sein

Heredite et cancer du sein

Des chercheurs anglais ont réalisé une étude de cohorte prospective sur des femmes porteuses des mutations BRCA1 ou BRCA2 afin d'évaluer les risques spécifiques de cancer du sein, de l’ovaire et de cancer du sein controlatéral selon les classes d’âge, les antécédents familiaux, et la localisation de la mutation sur le chromosome. Les résultats sont publiés dans le « Journal of the American Medical Association ».

Les chercheurs de l’université de Cambridge ont inclus, entre 1997 et 2011, près de 10 000 femmes, dont 6 036 porteuses de la mutation BRCA1, et 3 820 porteuses de la mutation BRCA2, et les ont suivies sur une moyenne de 5 ans.

Dans cette cohorte, 4 810 femmes avaient, à leur inclusion dans l’étude, déjà été diagnostiquées avec un cancer du sein, de l’ovaire, ou les deux – et 5 046 n’avaient été diagnostiquées avec ni l’un ni l’autre.

Pour l'analyse du risque spécifique, les auteurs n'ont retenu que celles qui n'avaient pas d'antécédents de cancer (sein, ovaire ou autre). Ils ont aussi éliminé pour le cancer du sein (y compris controlatéral), celles qui avaient subi une mastectomie bilatérale et pour l'ovaire, celles qui avaient eu une hystérectomie prophylactique. Les perdues de vue ont également été exclues.

– parmi les 3 886 femmes éligibles à l'analyse du risque de cancer sein (de moyenne d’âge 38 ans à leur inclusion dans l’étude), 426 ont développé un cancer du sein ;

– parmi les 5 066 femmes éligibles à l'analyse du risque de cancer de l’ovaire (de moyenne d’âge 38 ans à leur inclusion dans l’étude), 109 ont développé un cancer de l’ovaire ;

– et parmi les 2 213 femmes éligibles à l'analyse du risque de cancer du sein controlatéral (de moyenne d’âge 47 ans à leur inclusion dans l’étude), 245 ont développé un cancer du sein controlatéral.

Variation du risque avec l’âge

Le risque cumulé de cancer du sein, à 80 ans, chez les femmes porteuses de la mutation BRCA1 et de la mutation BRCA2, est respectivement de 72 % et 69 %. L’incidence du cancer du sein augmente avec l'âge avec un pic entre 41 et 50 ans, soit 28,3 pour 1000 personnes/années pour les femmes porteuses de la mutation BRCA1. Le même schéma est observé chez les femmes porteuses de la mutation BRCA2 mais avec un pic d’incidence entre 51 et 60 ans soit 30,6 pour 1000 personnes/années.

Concernant le risque cumulé de cancer de l’ovaire, toujours à 80 ans, chez les femmes porteuses de la mutation BRCA1 et de la mutation BRCA2, il est respectivement de 44 % et 17 %. Le pic d'incidence se retrouve entre 61 et 70 ans.

Quant au risque cumulé de cancer du sein controlatéral, 20 ans après le cancer du sein initial, il est de 40 % et 26 % respectivement pour les femmes porteuses de la mutation BRCA1 ou BRCA2.

Variation du risque avec les antécédents familiaux et la localisation de la mutation

Le risque de cancer du sein chez les femmes porteuses de l’une ou l’autre de ces mutations augmente également avec le nombre de leurs parents de premier et second degrés ayant eu un cancer du sein. En revanche, la différence n’est pas significative pour le cancer de l’ovaire.

Plus surprenant, les femmes porteuses d’une mutation BRCA1 avec des antécédents familiaux de cancer de l’ovaire ont un risque plus faible de cancer du sein. Enfin, le risque de cancer du sein (mais pas de l’ovaire) est plus élevé quand la mutation BRCA1 est située dans une région spécifique (c.2282-c.4071) pour les femmes porteuses de la mutation en question. Idem pour les femmes porteuses de la mutation BRCA2, mais pour une autre région (c.2831-c.6401).

Individualiser encore davantage le conseil

La prise en charge des femmes porteuses des mutations BRCA1 et 2 dépendant de la connaissance du risque de cancer, « cela suggère que le conseil individualisé proposé aux patientes devrait intégrer les antécédents familiaux et la localisation de la mutation », indiquent les auteurs. « Nos résultats indiquent que l’histoire familiale est un facteur de risque important pour les femmes porteuses des mutations BRCA 1 et 2, et que les risques varient aussi selon la localisation des mutations », concluent-ils. 


Source : lequotidiendumedecin.fr