Rapport de l’ONUSIDA

De nouveaux chiffres encourageants

Publié le 25/11/2010
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EN DIX ANS, le nombre des nouvelles infections a reculé de près de 20 %, passant de 3,1 millions en 1999 à 2,3 millions en 2009. La mortalité a de même reculé, avec 1,8 million de décès l’an dernier, contre 2,1 millions en 2004. Et si le nombre de personnes vivant avec le VIH a augmenté pour atteindre 33,3 millions (32,8 millions en 2008), c’est essentiellement parce que les gens vivent plus longtemps grâce aux traitements antirétroviraux.

Michel Sidibé, directeur exécutif de l’ONUSIDA, ne fait pas semblant d’être modeste : « Nous sommes en train de briser la trajectoire de l’épidémie grâce à des actions audacieuses et des choix intelligents », dit-il. Il tempère cependant : « Les investissements engagés dans la riposte au sida portent leurs fruits mais les progrès restent fragiles – le défi, aujourd’hui, consiste à savoir de quelle manière nous allons tous unir nos efforts pour accélérer les progrès. »

Baisse ou stabilisation dans 59 pays.

Autre raison de se réjouir, les résultats obtenus grâce aux programmes de prévention dans bon nombre de pays qui paient le plus lourd tribut à l’épidémie. Trente-trois, parmi lesquels l’Éthiopie, l’Afrique du Sud, la Zambie, le Zimbabwe, l’Afrique du sud, l’Inde, la Thaïlande, ont réussi à faire baisser de plus de 25 % l’incidence de l’infection entre 2001 et 2009. Et 23 ont pu la stabiliser, dont le Cameroun, Haïti, le Nigeria, l’Ouganda, les États-Unis... et la France. Dans 15 pays, le nombre de nouvelles infections parmi les jeunes a pu être réduit de plus de 25 % car ils ont adopté des comportements sexuels à moindre risque. Dans 59 pays, moins de 25 % des hommes ont déclaré avoir eu plusieurs partenaires au cours des douze derniers mois et 84 pays ont fait état de tendances similaires chez les femmes. La disponibilité et l’utilisation du préservatif ont augmenté de manière significative : dans 11 pays, du Burkina Faso à l’Inde et au Pérou, les personnes déclarent en avoir utilisé lors de leur dernier rapport sexuel induisant un risque élevé de contamination. Le taux d’accès aux services de prévention du VIH, y compris aux programmes de réduction des risques pour les toxicomanes, à 32 % reste, lui, inférieur à ce qu’il faudrait pour protéger les consommateurs de drogues. Et, relève le rapport, le recours à la circoncision demeure faible, bien que de nombreux pays aient intégré cette dernière dans leurs programmes de prévention.

Enfin, toujours côté positif, des progrès significatifs ont été accomplis dans la lutte contre le VIH chez les nourrissons : avec 370 000 enfants nés avec le VIH en 2009, la baisse est de 24 % en cinq ans, et elle est de 32 % en Afrique subsaharienne.

La grande préoccupation reste l’accès aux traitements. Si le nombre de nouvelles infections diminue, leur rythme reste supérieur à celui de la mise sous traitement (deux nouvelles infections pour une personne mise sous traitement). Et l’on évalue à 10 millions le nombre de personnes en attente d’un traitement, soit deux fois plus que celles qui peuvent en bénéficier (en 2009, 5,2 millions de personnes avaient accès à des médicaments vitaux). Le rapport de l’ONUSIDA souligne que, dans de nombreux pays, des lois punitives compromettent la prévention ou l’accès aux soins (par exemple, 79 pays criminalisent les rapports sexuels entre personnes du même sexe et 6 les sanctionnent de la peine de mort).

Enfin, l’ONUSIDA répète que la demande de ressources dépasse largement l’offre : 15,9 milliards de dollars ont été obtenus en 2009, il aurait fallu 10 milliards de plus. De nombreux pays, même parmi ceux qui pourraient le faire, n’investissent pas suffisamment, souligne l’organisme international. « Il est urgent de pérenniser les bons investissements et, pour les pays, de partager la charge financière de l’épidémie », conclut-il.

RENÉE CARTON

Source : Le Quotidien du Médecin: 8863