Journée mondiale des orphelins du sida

Des moyens pour élever « la génération larguée »

Publié le 05/05/2010
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Crédit photo : A. WITCH

« COMMENT GRANDIR sans ceux qui auraient dû vous élever, quand ceux qui restent sont malades, incapables de venir en aide aux plus petits ? » Pour soutenir ces orphelins du sida, une journée de mobilisation a été lancée en 2002 Albina du Boisrouvray, présidente de l’association François-Xavier Bagnoud (du nom de son fils disparu en 1986 avec Thierry Sabine et Michel Balavoine pendant le Paris-Dakar). Depuis 21 ans, FXB international est venu en aide à plus de 16 millions de personnes, parmi lesquelles 800 000 enfants livrés à eux-mêmes dans 18 pays.

«Il s’agit d’une génération condamnée, privée d’avenir, qui, dans certaines régions du monde, est destinée à s’élever seule dans la misère la maltraitance, victime du travail forcé, en proie à la prostitution, exploitée par des réseaux de drogue ou encore des forces armées. » Albina du Boisrouvray témoigne, l’émotion à fleur de peau, des efforts développés par son association pour venir en aide et protéger ces enfants démunis de tout. « Personne ne les reconnaît comme victimes; ignorés des pouvoirs publics, ces orphelins restent à l’écart des stratégies développées pour venir en aide aux malades », déplore-t-elle.

Estimant que moins d’un enfant sur dix accède à un soutien quelconque, Albina du Boisrouvray, qui a déjà rallié à sa cause plus de 800 élus, interpelle aujourd’hui les députés et réclame au gouvernement « l’allocation de 10 % du montant total destiné à la lutte contre le sida à la mise en place de programmes et de mesures urgentes pour venir en aide aux familles élargies chargées d’élever une génération d’enfants largués ».

Un seul chiffre permet de mesurer l’ampleur de la catastrophe. Sans même recenser les orphelins en Inde, Chine et Russie, l’association estime qu’aujourd’hui plus de 25 millions d’enfants sont orphelins du sida à travers le monde, ce qui correspond à la population de Bangkok, New York, Paris et Rome réunis.

L’aide à l’autonomie.

Pour leur venir en aide, l’association FXB a développé un concept de village permettant d’assister les pauvres parmi les plus pauvres, qui n’accèdent pas au microcrédit. « On investit au départ à 100 % en apportant l’ensemble des aides nécessaires à un groupe, explique Albina du Boisrouvray. La deuxième année, nous aidons ces personnes à mettre en place une activité génératrice de revenus dans l’élevage, la culture ou la mise en place de petits commerces, les familles se concentrent sur leur travail et nous leur demandons de participer à hauteur de 25 % du budget général à ce qui leur est nécessaire. Progressivement l’association se retire, permettant au village de devenir autonome et les familles peuvent ainsi élever ces enfants abandonnés de tous. » Grâce à la création d’ateliers de couture, de restaurants, de petits commerces..., des jeunes de 15 ans qui se retrouvent à la tête d’une famille nombreuse composée de leurs frères et sœurs, ou bien des grands-mères qui élèvent leurs petits enfants et ceux des voisins, peuvent s’organiser.

L’association revendique 86 % de réussite durable dans le montage de ces aides. « Cette alliance de l’efficacité a un coût modique, souligne-t-elle, puisque 144 dollars par personne sur trois ans permettent de construire ces vies. » FXB international a ainsi transformé le quotidien de dizaines de milliers d’enfants. Elle mène actuellement une cinquantaine de programmes au Burundi, en Chine, en Inde, en Ouganda au Rwanda et en Thaïlande, appuyant son action sur le développement économique et social. Une génération d’orphelins reste à élever. « Nos villages, c’est peu et énorme à la fois, mais cela reste d’abord une question de dignité, de survie et chaque petite histoire réussie appartient à celle de l’humanité. »

Pour retrouver toutes les initiatives prises à l’occasion de cette journée mondiale: www.orphelinsdusida.org.

LAURENCE MAUDUIT

Source : Le Quotidien du Médecin: 8765