Les femmes sous-représentées dans la recherche

Des programmes spécifiques en cardiologie

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Publié le 05/03/2018
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Crédit photo : PHANIE

La recherche scientifique et la médecine ne peuvent plus ignorer les différences biologiques entre les sexes. Pourtant, les femmes sont encore largement sous-représentées dans les essais cliniques.

Ainsi, selon Stacie E. Geller, et coll., sur 46 essais cliniques analysés ayant eu lieu en 2004, les femmes représentaient moins du quart des patients inclus. Une étude de 2008 a montré qu'elles ne constituaient que 10 à 47 % des cohortes de 19 essais cliniques en cardiologie. Or, le sexe des patients conditionne la prévalence, la sévérité, la symptomatologie et l’évolution de nombreuses maladies, mais aussi la réponse aux traitements.

Les maladies cardio-vasculaires, première cause de mortalité

De même, alors que les maladies cardio-vasculaires représentent aujourd’hui la première cause de mortalité chez les femmes, celles-ci restent moins favorisées en termes de prévention et de prise en charge en France. Pour faire face à cette urgence de santé publique et réduire les inégalités, la Fédération Française de Cardiologie s’est engagée et soutient des projets de recherche majeurs et inédits. Un programme a notamment été co-construit entre la Fédération française de cardiologie et l’équipe INSERM Université Paris Sud/Institut Gustave Roussy pour évaluer le risque de développer une maladie coronaire pour les femmes en fonction de leurs antécédents de santé et de leur mode de vie. La cohorte E3N de la MGEN, qui regroupe plus de 100 000 femmes, sera l’objet de ce travail. Un score de risque permettra ainsi un meilleur suivi des femmes présentant un risque élevé de développer une maladie coronaire. Aucune étude de ce type n’a jamais été menée sur une cohorte 100 % féminine.

L’étude des caractéristiques de l’infarctus du myocarde chez la femme jeune fait par ailleurs l’objet de l’étude française WAMIF (Young Women Presenting Acute Myocardial Infarction in France), soutenue par la FFC. Des liens possibles entre des atteintes cardiaques et le traitement local d’un cancer du sein sont constatés depuis plusieurs années, au-delà des facteurs de risque connus et identifiés (tabagisme, sédentarité, surpoids). Le projet BACCARAT a pour objectif de déterminer le lien éventuel entre la radiothérapie exclusive du sein et des cardiomyopathies qui sont susceptibles de survenir tardivement.

La FFC, financeur privé 

Ainsi, grâce au seul soutien de ses donateurs, la Fédération française de cardiologie est l’un des tout premiers financeurs privés de la recherche cardio-vasculaire en France. Pour le Pr François Delahaye (président de la commission scientifique de la FFC, Hôpital Pradel, Lyon), « l’une des forces de la Fédération est d’être au quotidien à l’écoute des besoins du grand public, des patients et des professionnels de santé », afin de « concrétiser les défis que se lancent les chercheurs. La recherche joue un rôle central dans la prévention et l’amélioration de la prise en charge des maladies cardio-vasculaires, c’est un combat que nous devons gagner ! »

 

Dr Gérard Bozet

Source : Le Quotidien du médecin: 9645