Transmission du VIH

Deux condamnations qui font réagir les associations

Publié le 19/11/2010
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DEUX SÉROPOSITIFS viennent d’être condamnés pour avoir sciemment transmis le virus. À Montpellier, la cour d’appel a confirmé la peine de 5 ans de prison, dont 3 et demi avec sursis, prononcée à l’encontre d’un homme qui avait transmis le virus à deux compagnes successives et à l’enfant qu’il a eu avec l’une d’elles. La peine est assortie d’une obligation de soins. L’homme, contaminé en 2000, avait confié n’avoir pas eu le courage d’informer ses compagnes de peur de les perdre « voulant être comme tout le monde et oubliant qu’il était malade ».

À Besançon, le tribunal correctionnel a infligé deux ans de prison à un homme de 36 ans pour avoir eu des rapports sexuels non protégés avec son compagnon alors qu’il se savait séropositif. Le prévenu, qui n’aurait pas osé avouer sa séropositivité, s’est excusé auprès de son ancien compagnon.

L’association Warning souligne que « ce procès confirme ce que toutes les enquêtes montrent depuis plus de quinze ans : les personnes séronégatives vivant en couple arrêtent d’utiliser le préservatif dès que la relation devient stable ».L’association réclame des campagnes d’information intelligentes en direction des couples pour encourager le dialogue entre partenaires, mettre la connaissance du statut sérologique au centre des pratiques et pour que le devoir de protection ne devienne pas un devoir de divulgation à charge des seules personnes séropositives. Elle réclame aussi la diffusion d’une information « franche et sincère » sur le fait que les traitements anti-VIH réduisent, au même titre que l’usage du préservatif, le risque de transmission du virus, ce qui permet d’élargir l’éventail des stratégies de prévention, notamment dans les couples sérodifférents.

Réagissant pour « le Quotidien », Bruno Spire, d’Aides, craint que ces condamnations ne soient qu’une « incitation au non-dépistage. Il vaut mieux ne pas savoir qu’on est séropositif, on risque moins d’ennuis. Faire reposer la prévention sur les seuls séropositifs va à l’encontre des données scientifiques, qui montrent que la pire des difficultés pour un séropositif aujourd’hui, c’est de dire son statut . »

 Dr L. A.

Source : Le Quotidien du Médecin: 8859