Améliorer le dépistage de l'hépatite C

En 2018, des projets pilotes en médecine générale pour les maladies du foie

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Publié le 28/09/2017
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Crédit photo : PHANIE

Depuis le début de l'année 2017, les nouveaux traitements de l'hépatite C (Harvoni, Viekirax, Exviera, Zepatier, Epclusa) sont accessibles à l'ensemble des patients, quel que soit leur stade de fibrose.

Cet accès universel reste pour l'instant théorique, comme le constate l'association française pour l'étude du foie (AFEF). À une semaine de ses journées annuelles qui se dérouleront à Nice du 4 au 7 octobre, la société savante dénonce en effet « l'hétérogénéité du dépistage de l'hépatite C en France » qui serait à l'origine de « 75 000 patients qui ignorent encore leur infection » et n'ont, de fait, pas accès au traitement.

Pour améliorer le dépistage, l'AFEF prévoit de lancer, en 2018, plusieurs sites pilotes où des médecins généralistes pourront proposer un parcours de soins d'une semaine visant à dépister l'ensemble des pathologies hépatiques d'un patient. « Faire des sérologies isolées n'est peut-être pas très "rentable" d'un point de vue de santé publique, c'est pourquoi nous l'incorporons dans un ensemble contenant la stéatose hépatique non alcoolique et l'hépatocarcinome », explique le Pr Christophe Bureau (service d'hépatogastroentérologie du CHU de Toulouse), secrétaire général de l'AFEF. Le collège de médecine générale, l'agence Santé Publique France et le réseau sentinelle sont les partenaires de l'AFEF sur ce dispositif qui, s'il montre sa pertinence, pourrait bénéficier d'un soutien public pour être généralisé à l'ensemble du territoire français.

Dépister vers 40 ans

D'un point de vue épidémiologique, « les femmes sont souvent dépistées entre 52 et 69 ans quand les hommes sont dépistés entre 40 et 52 ans. Cette différence tient aux modes de contamination qui diffèrent d'un sexe à l'autre », constate le Dr Hélène Fontaine (hôpital Cochin, AP-HP), trésorière de l'AFEF. Partant de ces observations qui renforcent l'idée d'une population infectée relativement âgée, le Dr Fontaine estime que, « le moment idéal pour un dépistage est entre 40 et 50 ans. C’est-à-dire pas trop tôt pour ne pas faire trop de tests inutiles, et surtout pas trop tard pour que l'on traite les patients avant que des dommages irrémédiables n'aient été occasionnés au foie ». C'est à cette catégorie d'âge que s'adressera préférentiellement le dispositif imaginé par l'AFEF.

Ces parcours de soins dédiés aux pathologies hépatiques présentent un autre intérêt pour les patients infectés par le virus de l'hépatite C : ils les inscrivent dans « une prise en charge globale après leur guérison » ajoute le Pr Bureau. Pour cet hépatologue, trois éléments doivent être pris en compte chez les patients guéris : « le risque de réinfection, le risque de cirrhose plus important que dans la population générale et le risque de pathologies du foie en général. C'est pour cela que l'on doit être attentif à la consommation d'alcool, et à l'hygiène de vie en général ».

Le 7 décembre 2017, l'AFEF émettra des recommandations spécifiques concernant le suivi des patients débarrassés du virus de l'hépatite C. « La recherche du diabète et des triglycérides, la mesure du cholestérol et éventuellement le travail sur les problèmes sociaux y figureront », résume le Pr Bureau.

Environ 15 189 patients ont été traités en 2015 et à peu près autant en 2016. On estime que 2 500 personnes meurent chaque année en France des conséquences de leur hépatite C. La dernière estimation fiable du nombre de malades date de 2011 et s'élève à 192 000 patients. On estime en outre que 75 000 patients ne sont pas diagnostiqués.

Damien Coulomb

Source : Le Quotidien du médecin: 9605