Geoffrey Dutton était-il avant tout biochimiste ou avant tout poète ? Né en 1924, il fait toute sa carrière de biochimiste à l’université de Dundee. Brillante, la carrière, au point qu’il frise le prix Nobel à un sucre près. Car au moment où il découvre l’acide uridine diphosphoglucuronique, Lewis Leloir découvre l’uridine diphospho-glucose et son rôle dans la glycogénogenèse, ce qui lui vaudra le prix Nobel de chimie. Dutton découvre aussi l’UDP glucuronosyl transférase, qui conjugue l’acide glucuronique à divers composés (toxines, médicaments, hormones) pour les éliminer de l’organisme. Voilà pour le biochimiste. Le poète, maintenant. Lorsqu’il demande en mariage une certaine Elisabeth en 1957, il la met en garde : « Il m’a dit qu’il ne devrait peut-être pas m’épouser, car il était foncièrement poète », se rappelle-t-elle. D’amateur, il devient « pro » quand, ses poèmes sous le bras, il rencontre Anne Stevenson en 1973. « Dès qu’il se mit à parler, je compris que c’était un homme d’une intelligence immense, voire excentrique. Et quand je commençai à lire ses poèmes, je fus sous le charme. » Alors, elle l’aide à publier son premier recueil de poèmes («Camp One») en 1977. Suivront d’autres en 1986 («Squaring the Waves»), 1991 («The Concrete Garden»), 2002 («The Bare Abundance?: Selected Poems 1975-2001»). Et deux livres d’horticulture (1975 et 1977), dont l’un allie science et poésie. Et tant d’autres ouvrages encore. Le poète est mort le 1er juin 2010.
The Lancet du 11 septembre 2010, p. 868.
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