Infection Covid-19 du nouveau-né : 30 % de transmission verticale et des symptômes similaires à ceux des adultes selon une méta-analyse

Par
Publié le 27/10/2020
Article réservé aux abonnés

Crédit photo : PHANIE

Une équipe de l’AP-HP/Université Paris-Saclay a réalisé une revue de la littérature de l'infection à SARS-CoV-2 en période néonatale en vue de mieux comprendre les modes de transmission du virus dans cette population et les caractéristiques cliniques des jeunes patients. Leur méta-analyse, parue dans « Nature Communications », a porté sur 176 cas de nouveau-nés infectés (avec un diagnostic confirmé par test RT-PCR dans la majorité des cas, et par la présence d'IgM pour deux d'entre eux), et montre notamment que les symptômes rapportés diffèrent peu de ceux observés chez les adultes.

« Il s'agit de la première étude de cette ampleur. Nous avons dû attendre d'avoir suffisamment de cas de nouveau-nés infectés dans le monde pour pouvoir tirer des conclusions solides, indique au « Quotidien » le Dr Daniele De Luca, chef du service de pédiatrie et réanimation néonatales et consultant pour l’OMS sur la transmission néonatale de l’infection à SARS-CoV-2. Notre étude montre que l'infection néonatale par le SARS-CoV-2 existe, même si le risque d'être infecté pour un nouveau-né est très faible, ce qui est rassurant ».

Une prévalence élevée de la fièvre

Pour 70 % des nouveau-nés, l'infection a eu lieu après la naissance par le biais d'une exposition environnementale, c'est-à-dire par la voie aérienne classique. Pour les 30 % restant, l'infection était probablement verticale, donc transmise par la mère au cours de la grossesse ou de l'accouchement.

Comme chez les adultes, de nombreux enfants sont restés asymptomatiques. Un peu plus de la moitié seulement des nouveau-nés (55 %) ont développé des symptômes liés au Covid, la plupart bénins, au premier lieu desquels des symptômes respiratoires (52 % des cas), de la fièvre (44 %), des symptômes gastro-intestinaux (36 %) et des manifestations neurologiques (18 %). « Nous avons ainsi constaté une variabilité des symptômes similaire à celle observée chez les adultes », note le Dr De Luca. La prévalence importante de la fièvre a toutefois interpellé les médecins : « La fièvre est peu fréquente dans les infections néonatales habituelles », relève le pédiatre. L'imagerie pulmonaire était par ailleurs anormale chez 64 % des nourrissons.

L'allaitement n'augmente pas le risque d'infection

Les auteurs ont par ailleurs estimé que le fait de rester dans la même chambre que leur mère symptomatique exposait les nouveau-nés à un risque accru d'infection tardive (au moins trois jours après la naissance). En revanche, l'allaitement ne représente pas un facteur de risque. « Ce qui est cohérent avec les données de la littérature qui ont montré l'absence de virus dans le lait », souligne le Dr De Luca.

Le pédiatre précise les limites de cette méta-analyse : « ce type d'étude ne nous permet pas de tirer des conclusions sur les gestes barrière puisque nous ne savons pas si ceux-ci ont été respectés ». Et de conclure : « Notre message n'est donc pas de dire qu'il faut séparer mère et enfant, mais qu'il faut avoir une attitude de bon sens en expliquant les risques et en préconisant notamment le port du masque et l'usage systématique du gel hydroalcoolique avant un contact avec le bébé ».


Source : lequotidiendumedecin.fr