L’anonymat des dons de gamètes

Publié le 28/06/2018
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Plusieurs raisons déontologiques nous amènent à demander que soient questionnées les dispositions légales qui prévoient l’anonymat des donneurs et donneuses de gamètes dans notre pays :    

Il devient impossible de garantir l’anonymat aux donneurs à venir car les banques d’ADN permettent aujourd’hui de retrouver un donneur par-devers lui. Ce phénomène du dévoilement va bien sûr s’amplifier dans les années à venir et les conséquences de ces dévoilements « sauvages » sur les donneurs ne sont pas évaluées et doivent, à tout le moins, faire partie désormais des informations données avant ces procédures.     

Les médecins se sont habitués à un devoir de transparence sur l’ensemble de leurs dossiers fussent-ils très lourds. Cette fin du paternalisme médical qui, sous couvert de protection des patients, les maintenait dans l’ignorance de ce qui les concernait au premier chef, est demandée par la société civile pour toutes les données médicales. Il ne saurait être question de poursuivre une exception pour l’identité des donneurs de gamètes.

Il apparaît difficile pour une personne de se savoir issue pour une partie de son ascendance d’un matériel biologique au lieu d’un parent identifié. Cette manière de faire occasionne parfois des troubles psychologiques, non seulement chez les personnes issues de ces dons, mais aussi chez les donneurs eux-mêmes.

On ne peut pas refuser l’accès aux origines pour un enfant né grâce à l’intervention du tiers que sont les médecins. Certains professionnels de cette filière sont anxieux de la baisse annoncée des dons qui n’est d’ailleurs pas inéluctable et peut être compensée par des campagnes publicitaires bien menées. Mais même si ce droit des personnes à connaître leurs origines devait provoquer une diminution des dons, il nous semble plus important de ne pas nuire aux personnes issues de ces procédures que de continuer de les pratiquer au détriment de leurs droits fondamentaux.

Mis en place pour ménager les secrets des familles il y a plus de 50 ans, l’importance de ce « ni vu, ni connu » est désormais beaucoup moins grande à l’aune des familles d’aujourd’hui où il n’est pas rare, la recomposition aidant, que plusieurs adultes concourent à l’éducation des enfants.      

Exergue : Il faut mettre fin au paternalisme médical qui, sous couvert de protection des patients, les maintenait dans l’ignorance

Pr Israël Nisand

Source : Bilan Spécialiste